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Lorsque j’étais à Seyðisfjörður, je m’étais réfugiée dans un café, afin de me protéger d’une tempête de neige. J’y avais accosté deux françaises, Noémie et Alexia, avec qui j’avais partagé un bon chocolat chaud. Nous avions gardé contact et surprise, quelques jours plus tard, après avoir traversé une grande partie de l’Islande en auto-stop, ces deux baroudeuses m’avaient recontactée afin que nous visitions ensemble le fameux Cercle d’Or. Voici le récit de notre virée entre geysers, cratères et cascades, sous un soleil éclatant…

Gullfoss, la chute d’or :

Ayant connu précédemment quelques difficultés, c’est avec joie que j’ouvre le message de Noémie, m’invitant à visiter le Cercle d’Or, avec elle et sa grande sœur Alexia. Ces deux jeunes parisiennes me récupèrent ainsi au petit matin à Reykjavik, avec leur 4×4 flambant neuf qu’elles ont loué pour leur road trip en Islande, et nous filons en direction de Gullfoss, étape immanquable du Cercle d’Or. La chute d’or, cataracte démesurée, s’étend sur trente-deux mètres de haut pour soixante-dix mètres de large !

L’histoire de Gullfoss est également impressionnante. En effet, en raison du débit important que connaît la rivière Hvita à cet endroit, il fut à l’époque question d’y bâtir un barrage afin de produire de l’électricité. Sigríður Tómasdóttir, une toute jeune femme (la fille du propriétaire du site), décida qu’il en serait autrement. Ainsi, elle livra bataille contre le projet hydroélectrique des industriels, menaçant de se jeter dans ces eaux tourbillonnantes si son vœu n’était pas respecté. Ralliant l’opinion islandaise à sa cause, elle remporta une victoire qui aujourd’hui encore continue de marquer les esprits. Considérée comme la première environnementaliste du pays, un mémorial a même été érigé en sa mémoire sur les hauteurs de Gullfoss : une jolie leçon de courage.

gullfoss dans le Cercle d'Or

Visite de Gullfoss, dans un brouhaha assourdissant

Cette première halte de la journée nous annonce la couleur de ce qui va suivre : une nature puissante, et maître des lieux. Comme à son habitude, le vent est loin de nous épargner ce matin, et c’est plus que reconnaissante qu’après avoir visité Gullfoss, je me réinstalle bien confortablement à l’arrière de la Toyota, sans avoir besoin de faire du stop en bord de route.

Le parc national de Þingvellir :

Alexia et Noémie ont ensuite rendez-vous à Þingvellir, car elles ont réservé une séance de plongée. Je décide de les y accompagner, mais hors de question pour moi de tremper ne serait-ce qu’un orteil dans cette eau glacée ! Je les attends donc bien gentiment, en me promenant longuement dans cet amphithéâtre géologique (siège du premier parlement d’Islande et parc national classé au patrimoine mondial de l’UNESCO), le long de l’immense Almannagjá (ou la faille de tous les hommes, ligne de séparation des plaques eurasienne et nord-américaine qui s’écartent de deux centimètres par an). Dans cet archipel du lac Þingvallavatn, le plus grand du pays, le regard ne croise que montagnes enneigées, plaines de lave et paisibles étendues d’eau. On en oublierait presque que l’activité géothermique de la région est au  beau fixe, notamment du côté du mont Hengill.

Les pommettes rougies par les rayons du soleil, je mène enfin la belle vie sur cette terre de glace, qui jusqu’alors avait été assez inhospitalière avec moi. Je profite donc de ces doux auspices pour randonner jusqu’aux chutes de la Hache, soit Öxarárfoss qui, sans être la cascade la plus impressionnante d’Islande, est à mes yeux l’une des plus pittoresques du pays.

chutes d'oxararfoss dans le cercle d'or

Les chutes d’Öxarárfoss, ou chutes de la Hache, à Þingvellir

Quelques heures plus tard, les filles ayant fini d’infuser, nous faisons bouillir une gamelle d’eau et y jetons une poignée de spaghetti avant de reprendre le cours de notre road trip. Assise face au lac, dans la sérénité la plus absolue, je goûte alors aux joies d’un vrai repas chaud, avec la meilleure compagnie au monde.

Le geyser Strokkur :

Pas de visite du Cercle d’Or sans visite de geyser. C’est à Geysir (qui a donné son nom à tous les geysers du monde), que nous nous rendons, mais ce dernier se révèle être un peu léthargique depuis quelques décennies. Nous admirons donc son voisin, Strokkur, qui projette sa colère à une vingtaine de mètres de haut – il s’agit sans doute du jet d’eau le plus connu d’Islande, et une fois sur place, on comprend pourquoi. Tout autour de nous, des volutes de vapeur et des mares de boue en ébullition, tantôt mordorées, tantôt nacrées, nous font tourner la tête : dans quelle contrée avons-nous bien pu mettre les pieds ?

Espacés de quelques minutes, les relents du geyser savent se faire attendre, et c’est en ajustant notre respiration au souffle de la terre que nous tressaillons à plusieurs reprises : Strokkur coupe court aux paroles inutiles, c’est à dire toutes.

Le cratère de Kerið :

Cerise sur le gâteau, nous disposons encore d’une paire d’heures avant que la nuit ne tombe. Pied au plancher, Alexia nous emmène jusqu’au cratère de Kerið, dont nous n’attendons rien de plus qu’une jolie promenade. Mais quelle surprise ! Une fois grimpées sur les hauteurs du volcan, c’est toute une palette de couleurs que nous découvrons, autour des 55m de profondeur du cratère. Terre ocre, herbe pistache et foin blond conservent dans leur écrin une rosace de glace azurée, fendillée par les 6500 dernières années.

Nous longeons la circonférence du sentier à deux reprises, seulement pour le plaisir de tourner en rond encore et encore. Il nous faut pourtant nous résoudre à prendre la route pour rentrer au bercail, si bercail il y a, et les filles me reconduisent à Reykjavik. Bercée par les rondeurs de la piste, je commets l’erreur de fermer les paupières une demi-seconde : je me réveillerai bien plus tard, dans les faubourgs de la capitale.

cratère de Kerid en Islande, dans le Cercle d'Or

Promenade autour du cratère de Kerið

De vrais anges gardiens :

Ce soir, les filles me sortent le grand jeu ! Elles choisissent au hasard un pub du centre-ville, et commandent trois pintes de blonde locale. La bière est bonne, et heureusement : quinze euros la choppe. Au moins, nous ne risquons pas de finir la nuit dans le caniveau. Les filles insistent pour régler la note, et je ne sais comment les remercier pour toute cette gentillesse !

J’achète tout de même quelques bricoles à grignoter, et nous regagnons leur hôtel, où après avoir avalé une nouvelle assiette de pâtes elle m’invitent à rester jusqu’au lendemain. Recroquevillées à trois dans leur lit, nous goûtons aux joies de la proximité. Ce soir, je ne regrette ni ma tente, ni ma solitude, même si je sais d’ores et déjà que faire mon sac demain matin ne sera pas une partie de plaisir.

Le bonheur, comme toutes les délices, n’est entier que lorsqu’il est partagé.

Jean-Christophe Rufin, Globalia

visite du cercle d'or en Islande

Alexia et Noémie, de fines gastronomes !

Les filles, merci mille fois de m’avoir permis de visiter le Cercle d’Or à vos côtés, ce fut l’une de mes meilleures journées en Islande, et je vous en suis sincèrement reconnaissante. La prochaine fois, promis, c’est dans mon van que nous dormirons et d’ici là, prenez soin de vous !

Visiter le Cercle d’Or :

Si vous préparez un voyage en Islande, et que vous prévoyez également de visiter le Cercle d’Or, voici quelques petites informations pratiques qui complèteront mon carnet de route, en espérant que cela vous soit utile !

  • L’itinéraire et la météo : la boucle complète fait environ 230km, les distances ne sont donc pas importantes, à compter que les routes soient dégagées. Pour le savoir, notamment l’hiver, consultez et les sites suivants, Safetravel.is et Road.is. Par ailleurs, n’hésitez pas à jeter un œil à mes différents conseils pour voyager par grand froid, en Islande, ça peut servir !
  • Le budget : la journée m’a coûté environ vingt-cinq euros, car j’ai offert un café aux filles, puis les tickets pour le cratère de Kerið (le seul site payant du Cercle d’Or), et enfin quelques chips et gâteaux pour le repas du soir. Rajoutez à cela le prix de la location d’un véhicule, l’essence et les restaurants si vous comptez manger à l’extérieur : la note peut vite grimper, bienvenue en Islande !
  • L’hébergement : comme l’Islande est un pays très touristique, je vous invite à réserver en avance votre hébergement (beaucoup d’hôtels sont complets durant la période estivale), de plus vous bénéficierez ainsi du meilleur prix. Si vous préférez essayer de faire du Airbnb et que c’est votre première fois, je vous offre 25€ en passant par ce lien. Vous pouvez dormir à Reykjavik et visiter le Cercle d’Or en une journée, si vous partez tôt. Toutefois, s’il vous est possible de prendre votre temps, n’hésitez pas à explorer les ruines de l’ère des sagas se trouvant dans les environs ainsi que la réserve naturelle de Þórsmörk et le col des cinq cairns (Fimmvörðuháls).

Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver mes autres récits de voyage, ainsi que tous les écrits retraçant mon tour du monde, mes différents conseils aux voyageurs, et mon dossier complet sur la pratique de l’auto-stop.

Enfin, si vous avez déjà eu l’occasion de visiter le Cercle d’Or en Islande, et que vous souhaitez rajouter certains conseils à cet article, je vous invite à me laisser un petit commentaire ci-dessous !


Visiter le Cercle d'Or, un incontournable de l'Islande : carnet de route et conseils pour découvrir Gullfoss, Strokkur, Þingvellir et le cratère de Kerið... | Histoires de tongs, le blog voyage passionnément alternatif

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