Voici la suite de l’article trois semaines de WWOOFING chez une éleveuse de chiens de traîneau, où je raconte mon expérience chez Christiane, une musher, qui m’a accueillie chez elle auprès de ses quarante-six chiens. Après avoir détaillé mon ressenti, j’ai voulu vous en dire un peu plus sur ces chiens si particuliers.
Je n’aborderai pas le point des différentes races, ceci étant encore un peu confus pour moi, mais vous dirai seulement qu’il n’y avait qu’un husky au chenil, les autres étant des croisements appelés alaskans. Les éleveurs mélangent les races selon leurs particularités génétiques afin d’obtenir des chiens performants.
Les portées
Pour avoir des chiots, les mushers peuvent planifier les naissances, de préférence au printemps car l’hiver beaucoup de petits ont froid et ne survivent pas.
Il y a également souvent des chiens qui s’échappent, et en profitent pour aller voir les femelles du chenil. Certaines naissances sont donc imprévues.
Une chienne peut avoir entre un et douze chiots. Toutefois, il est fréquent qu’elle n’en garde que quelques uns, les conditions climatiques n’étant pas favorables à de grosses portées. Elle a huit mamelles mais peut nourrir plus de chiots s’il arrive qu’ils soient plus nombreux.
La période de sevrage est d’environ deux mois, cela peut varier selon les chiens. Après cela, les petits sont placés dans des enclos où ils passent leurs premiers mois. C’est alors important de les habituer peu à peu au contact de l’homme, des autres chiens, puis du traîneau.
J’ai eu la chance durant mon expérience chez Christiane d’avoir à m’occuper d’un petit chiot, âgé de trois semaines à mon arrivée, et de le voir évoluer jour après jour. Ce fut un événement marquant et émouvant de mon séjour chez elle.
La nourriture
Nourrir les chiens est un élément essentiel et quotidien de la vie d’un musher. Ces animaux peuvent presque tout manger. Pourtant, en raison du grand froid au Québec et de la dépense énergétique que cela entraîne pour eux, leur besoin en protéines est très important.
Il est donc courant de leur donner du poulet, du poisson ou/et du bœuf. Chez Christiane, les chiens mangeaient du poulet, qu’il fallait découper chaque jour avant de le distribuer.
Une fois les portions préparées, et la nourriture apportée en traîneau au chenil, on pouvait entendre la meute crier famine, et il fallait nous dépêcher de faire notre distribution.
Les chiens étant capables d’avaler les plumes, les os et même les griffes, en moins de cinq minutes tout avait déjà disparu.
Les soins
Les chiens courent dans la glace, se battent parfois, avalent des os et des griffes, et vieillissent. Les soins sont donc quasi-quotidiens et les bobos varient d’un jour à l’autre.
Souvent, les chiens se blessent les coussinets à force de courir dans la neige. S’ils saignent, c’est difficile à soigner car ils ne gardent pas les bandages, et seule une crème très épaisse peut faire cicatriser la plaie. Il faut imaginer mettre de la crème à un chien plus fort que soi et contre son gré : comment apprendre la patience…
Lorsqu’il arrive que des chiens brisent leurs chaînes, ils peuvent en profiter pour se battre. Les plaies peuvent être impressionnantes, mais il y a souvent plus de peur que de mal. Il faut donc les soigner tout en n’oubliant pas de rattacher les fuyards.
Ils ont aussi souvent des maux de ventre à cause des poulets qu’ils avalent d’une traite. Pour les soigner, Christiane a opté pour de l’argile, son remède fétiche, mélangé à du bœuf pour éviter au chien de se blesser une seconde fois.
Enfin, tout comme les hommes, ces animaux prennent de l’âge. C’est un des côtés tristes du métier car on s’attache très vite à ces animaux si communicatifs. Durant mon séjour chez Christiane, une chienne âgée a fait un AVC. Elle n’est pas décédée mais nous avons dû la mettre sur le traîneau et la ramener dans le sous-sol de la maison, pour la rassurer et prendre soin d’elle. Elle est restée paralysée plusieurs jours, mais Christiane a eu la foi et s’est accrochée autant que sa chienne. Une belle leçon de vie car la chienne va aujourd’hui mieux.
Le matériel et le chenil
Chaque chien a sa propre niche en bois, isolée du froid par une couche de paille. Tous sont attachés par une chaîne en fer au milieu de leur espace, autour de laquelle ils aiment tourner en faisant de grands cercles. Souvent, ils brisent leurs mousquetons à force de tirer dessus, c’est pourquoi il faut les remplacer régulièrement.
Le chenil est grand puisqu’il peut héberger quarante-six chiens. C’est assez impressionnant lorsque l’on arrive la première fois. L’accueil que réservent les chiens à leur maître est un vrai spectacle qui m’a laissée sans voix plus d’une fois.
Un peu partout dans le chenil sont cachés des outils, souvent dans des trous sous la neige. On y trouve tout l’attirail pour entretenir les lieux : des chaînes, des mousquetons, des laisses de secours… De vraies cavernes d’Ali Baba !
Enfin, un abri protège le matériel de la neige pour les sorties en chiens de traîneau, ces dernières feront l’objet d’un dernier article prochainement.
Le froid
Les chiens vivent dans la glace et la neige jour et nuit. Pourtant, ils ne souffrent pas du froid, contrairement à ce que l’on pourrait penser au premier abord. Leur fourrure les protège, et la paille au fond de leur niche les réchauffe lorsque les nuits sont plus froides.
Ces chiens sont adaptés au climat québécois et apprécient tout particulièrement l’hiver, où les températures leur conviennent mieux.
Il faut toutefois être attentif avec les nouveaux-nés, plus frileux et fragiles les premiers jours de leurs vies.
C’est l’été que les chiens ont souvent trop chaud, il faut alors les abreuver en conséquence.
Un métier-passion
Comme je l’explique brièvement dans l’article précédent, avoir ses propres chiens de traîneau nécessite toute une organisation, et un grand dévouement. Si le musher a une vie de famille, c’est toute cette dernière qui se retrouve impliquée dans l’aventure, impossible autrement.
Très rares sont les vacances et les jours de congés, les chiens ont besoin d’une attention quotidienne. Enfin, posséder de nombreux chiens a un coût financier qu’il ne faut pas négliger, la nourriture et le matériel sont souvent chers.
C’est pourquoi ce n’est pas un métier que l’on pratique au hasard. C’est avant tout une passion, un rêve que les mushers réalisent après de longues années d’apprentissage et de préparation. Bien souvent, ils cumulent un second emploi l’été afin de subvenir à leurs besoins le reste de l’année.
Depuis quatorze ans que Christiane est musher, elle est plus heureuse que jamais auparavant, ce sont ses propres mots. Ses chiens n’ont rien à envier à personne eux non plus, il n’y a qu’à regarder les photos pour s’en apercevoir. Un bel exemple de persévérance qui démontre que tous les rêves sont accessibles si l’on s’en donne les moyens.
Christiane m’a appris que le bonheur ne réside pas dans l’abondance mais au contraire dans les choses les plus simples : se réaliser soi-même, être attentif à nos envies, et accorder de la valeur au monde qui nous entoure.
Merci Christiane d’avoir partagé votre vie avec moi, vous m’avez tant appris lors de ce voyage par grand froid (sacrée aventure pour moi) que je ne sais comment vous remercier…
Et pour aller plus loin, je vous invite à vous plonger dans l’aventure givrée de mon ami José, à travers le témoignage de son PVT au Canada !
Quelle expérience ! Merci pour votre partage
Merci !
https://www.change.org/p/governments-of-canada-ban-unattended-tethering-of-dogs-in-canada
en Français et Anglais. Ce n’est pas une vie pour un chien, pas même un chien nordique . Honte aux gens qui soutiennent cette affaire cruelle.
Tout dépend de la façon dont les chiens sont traités, et de comment les maîtres s’en occupent. Je suis tombée chez une femme amoureuse de ses chiens, qui s’en occupait quotidiennement avec beaucoup d’amour. Il existe effectivement des usines à touristes où les animaux sont considérés comme de la marchandise, mais il subsiste des lieux où les bêtes sont traitées avec respect et attention, d’ailleurs aucun touriste ne venait chez Christiane. Faire des généralités ne fera pas avancer votre combat qui pourtant se respecte, dommage.
Faire du chien de traîneau est un de mes (nombreux) rêves ! Et notre projet se concrétise, on prévoit de partir cette année en Finlande 😉 , donc merci beaucoup pour ces infos et conseils. Je vais potasser ça pour être au top !
Coucou Sophie, génial si votre projet avance!!! Je vous souhaite de vivre une magnifique aventure 🙂
l’aventure et la réalisation d’un rêve aux cotés de Christiane est elle toujours possible?
merci d’avance
elo
Oui je pense, il faudrait que tu la contactes pour lui demander directement 🙂 Tu as son mail je crois 🙂 Bon vent!
Message pour Christiane… Est-ce possible d’avoir votre adresse courriel ou si vous avez un site web! J’ai été musher de 2003 à 2011. Maintenant, j’ai seulement un chien car j’ai du dételer non élevage quand j’ai été au collège et a l’université! Je n’ai maintenant plus l’espace pour me repartir un élevage 🙁 J’aide une amie avec ces 13 chiens quand nous faisons des festivals mais j’aimerais bien être musher temps plein durant quelques semaines avec vous avec tout ce que cela implique bien sûre, sachant très bien de tout ce que vous parlez! En espérant des nouvelles de votre part bientôt 😀 Au plaisir
Gabrielle
miss-bee16@hotmail.com
Je transmets votre message directement sur son mail… J’espère que vous pourrez organiser quelque chose! 🙂
Superbe article ! 🙂
Merci 🙂 C’est que l’expérience était super…
bonjour Rouma
le tome 2 est aussi passionnant que le tome 1
on en apprend à tout âge…
encore bravo
je pense à toi et je t’embrasse
Papi
PS les grues sont passées hier en Sologne
Merci Papi! T’es mon commentateur numéro 1 🙂 Gros bisous!
Bonjour à tous
Astrid décrit bien ce que je vis ici. Oui je vis un grand bonheur, mon seul regret est de ne pas l’avoir fait avant. Vivre ses rêves c’est vivre sa vrai vie!
Nouvelles: Duchesse, la chienne qui a fait un AVC va très bien. Les suppléments de vitamines, une nourriture adéquate, des massages et de la phisiothérapie et beaucoup d’amour, voilà le secret.
Le petit Nanook se porte aussi très bien. Toujours aussi espiègle! Il va être très brillant ce petit.
Précisions: Les chiennes de traîneau ont rarement plus 8 chiots comme certaines races. Plus souvent elles en ont entre 5 et 7. J’ai quand même déjà eu une portée de 10. Mais ce nombre implique qu’on doit porter une attention particulière à la mère afin qu’elle ait suffisamment de lait. Dans ces conditions les chiots commence à manger plus tôt n’étant pas toujours rassasiés juste au lait.
Il est donc important d’avoir un enclos de maternité avec une niche plus grande et mieux adaptée. Venant tout juste de déménager l’enclos sera bâti au printemps.
Un gros merci à toi chère Astrid pour ton aide si précieuse, ta grande patience, ton écoute et ton désir de tout connaitre. Ce fut un grand bonheur de t’avoir auprès de nous, les chiens, chats et moi même.
Christiane dit Mariflore
xxx
Haha merci pour ce message qui me va droit au cœur! Ce fut un grand plaisir pour moi également d’être chez vous 🙂 Suis au Panama, je décolle pour Sao Paulo dans quelques heures… Gros bisous 🙂
Belle expérience… et je craque totalement sur le chiot de la photo 😉
C’est vrai qu’il était trop mignon! Il aimait mordiller le bout de mes doigts et il grognait avec une toute petite voix pour m’impressionner 🙂
Grosses bises de ton Papi. Ce que tu fais est assez extraordinaire. Je t’envie, mais il est un peu tard pour y penser !!!!
Profite bien de l’instant présent.
Coucou! Merci pour ce message, contente que tu suives un peu mon aventure! Ne t’en fais pas je profite à fond… Je pars au Brésil demain 🙂 Gros gros bisous