Ces jours-ci, je repensais à mon ancienne aventure vécue sur la Route de la Soie, un brin nostalgique. José et moi étions rentrés de Thaïlande jusqu’en France en stop : neuf mois de voyage hauts en couleur ! Cela fait déjà trois ans que cette épopée a pris fin, l’occasion pour moi de revenir sur ce road trip en Asie qui nous aura marqués à vie. Voici les cinq souvenirs les plus mémorables, qu’il me tenait à cœur de partager avec vous aujourd’hui…
Bivouac paradisiaque en Thaïlande :
Tout d’abord me revient en mémoire cette première nuit passée à Phuket, où tout juste arrivés au pays du sourire, nous avions installé nos hamacs sur une plage idyllique de l’île. Nous avions une année devant nous, et la ferme intention de rejoindre la France en voyageant uniquement à l’aide de nos pouces.
Il existe des nuits que l’on aimerait ne jamais voir se terminer, comme si nos rêves, aussi grandioses que naïfs, allaient se faner au petit jour. Ce premier bivouac de notre road trip en Asie faisait partie de ces instants intemporels, et si nous l’avions pu, nous aurions assurément retenu nos respirations, et mis le temps en apesanteur. Comme cela nous était impossible, profiter de l’instant présent était certainement la meilleure chose à faire : une Singha à la main (bière Thaïlandaise), et nos deux derrières calés au fond des hamacs, nous goûtions au plaisir indescriptible que procure à tout voyageur un coucher de soleil fuchsia au-dessus de l’océan. Au crépuscule, plus aucun promeneur aux alentours et, tels deux naufragés bienheureux, nous jouissions à la simple pensée d’avoir, à cet instant encore, notre entier voyage devant nous.
Très vite, nous devions cependant nous résoudre à lever le pouce et à effectuer les premiers kilomètres de cette enivrante expédition. Nous avons donc mis le cap sur la capitale Thaïlandaise, un peu au gré du vent. De Phuket à Bangkok, nous avons avancé au rythme des véhicules et de leurs conducteurs : en 4×4, en side-car, et même dans une ambulance qui terminait son service ! Nous sommes restés un certain temps à Bangkok, avant de poursuivre notre route vers la mystérieuse Birmanie…
La fête de l’eau, au Myanmar :
José et moi avons rencontré Marc à Bangkok, un jeune Suisse avec qui nous avons voyagé par la suite durant deux mois. Au Myanmar, ce joyeux luron était donc à nos côtés, et après avoir consacré quelques jours à la visite de Mandalay, fait le tour du lac Inle et profité des joies des plages désertes Birmanes, nous devions nous rapprocher de la frontière Thaïlandaise, notre visa allant expirer.
Par chance – quoique – le Thingyan battait alors son plein, et le pays entier entrait en ébullition. Une opportunité unique pour chacun d’entre nous de découvrir ce que représente la fête de l’eau en Asie, mais aussi l’occasion pour moi d’attraper la crève du siècle (j’ai ensuite passé cinq jours alitée). Mais qu’importe, cette expérience hors du commun ne nous a pas laissés indifférents. Partout, dans l’effervescence des grandes villes comme au fin fond des campagnes, petits et grands purifient les passants… en les aspergeant à l’aide de larges seaux d’eau ! Tuyaux d’arrosage – voire lances à incendies – sont aussi de la fête, autant vous dire qu’après seulement quelques minutes passées dans la rue, plus un chat ne reste au sec. Trempés jusqu’aux os, sacs à dos ruisselants et mines déconfites, nous nous sommes tant bien que mal fondus dans la masse, bien que quelque peu circonspects. Dans une ambiance musicale assourdissante et sous un déferlement d’eau aussi déchaîné que cocasse, nous avons adressé un dernier au revoir au Myanmar et sommes retournés en Thaïlande.
Trek le long du Mékong, au Laos :
Pour la suite de notre road trip en Asie, après une superbe visite du Nord de la Thaïlande, Marc, José et moi sommes entrés au Laos, un pays qui nous faisait de l’œil depuis longtemps, et que nous nous réjouissions de pouvoir enfin découvrir. Le hasard des rencontres avec différents chauffeurs nous a menés à Luang Prabang, cité touristique mais agréable à arpenter. Pour autant, c’est le Mékong, fleuve mythique qui compte parmi les dix plus grands cours d’eau au monde, qui a accaparé toute notre attention.
Nous n’avions pas vraiment prévu de nous lancer dans un trek au Laos près du Mékong, ni de faire quoique ce soit d’autre d’ailleurs. Nous avions seulement en tête la séduisante idée de mettre un pied devant l’autre, en suivant les rives du fleuve, et carpe diem !
L’inconnu. C’est très certainement le mot qui définirait au mieux notre aventure Laotienne où, épris d’un puissant sentiment de liberté, nous nous sommes ainsi laissés porter par le destin, et par sa main habile. Pour compagnon de premier choix, le Mékong, impétueux et majestueux, brossant devant nos yeux d’enfants de véritables toiles de maître. Des tons pastel, mouvants, ensorcelants. Tout autour de nous, la jungle, dense et bruyante, nous mettait en garde : nous progressions en terrain hostile et mieux valait filer droit. Nous avons traversé quelques hameaux où, ébahis, d’attentionnés villageois nous ont couverts de galettes de riz soufflé, de ballotins de riz gluant, et de godets d’alcool… de riz. Puis, c’est entre les murs d’un temple isolé, bâti à même le rivage du fleuve, que nous avons sombré dans les bras de Morphée. Nous qui souhaitions voyager en dehors des sentiers battus, nous n’aurions pu rêver mieux.
Les choix qu’on fait nous appartiennent. On peut suivre un chemin connu, une route inconnue, se laisser mener par les circonstances ou les dicter, être passif ou actif. En s’aventurant en dehors de sa zone de confort, chaque homme découvre que la vie a plus d’une seule facette, que les possibilités sont multiples.
Mike Horn, Vouloir toucher les étoiles
Traversée de l’Empire du Milieu en stop :
Après le Laos, place au Vietnam, à ses rizières émeraude et à sa célèbre Baie d’Halong, toujours en compagnie de Marc. Pour autant, José et moi ne devions pas perdre de vue que l’objectif premier de notre road trip en Asie était de retracer, en auto-stop, tout l’itinéraire de la Route de la Soie. Ainsi, après trois mois passés à sillonner le Sud-Est asiatique, nous franchissions enfin la frontière Chinoise, en direction de la légendaire cité de Xi’An.
En Chine, pas une journée ne nous aura laissés sur notre faim. D’un bout à l’autre de l’Empire du Milieu, nous avons eu la chance de faire des rencontres extraordinaires, dans un environnement extraordinaire. Nous qui débarquions au pays de la grande muraille, des stéréotypes plein les poches et avec quelque peu d’appréhension, nous avons très vite revu notre copie. Indubitablement, le peuple Chinois a su mettre un point d’honneur à nous accueillir en grande pompe, que nous entrions dans le cercle du plus modeste paysan comme dans celui du plus riche négociant.
L’hospitalité Chinoise compte peu d’égale à travers le globe, et de l’armée en terre cuite de Xi’An jusqu’à la frontière Kirghize, en passant par le désert de Gobi, les montagnes arc-en-ciel de Zhangye Danxia ou encore les Monts Célestes du Xinjiang, nous avons vibré comme jamais, au contact de parfaits inconnus. Ces derniers ont su apporter une touche de magie à notre épopée tant fantasmée, et la transformer en une fabuleuse aventure humaine. Deux mois plus tard et après plus de 4000km de stop, José et moi quittions la Chine avec tristesse, sachant pertinemment que nous ne reviendrions pas ici de sitôt. Dans nos mémoires, nous savions toutefois que nous conserverions précieusement le souvenir de Fong, de Monsieur Shui, de Monsieur Xiaohe, et de toutes celles et ceux qui ont ponctué nos pas de bienveillance et de fraternité.
Suite du Road trip en Asie Centrale :
Notre épopée nous menait ensuite aux confins de l’Asie Centrale. Là-bas nous attendait une traversée mémorable du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l’Ouzbékistan et d’une partie du Kazakhstan, avant que nous ne levions l’ancre en direction du Caucase. Si je devais ne conserver qu’un souvenir de cette partie de mon road trip en Asie, ce serait sans aucun doute notre virée sur la Pamir Highway, fantasque et romanesque à souhait.
Atteindre la légendaire route du Pamir fut un évènement à part entière, avant l’aventure elle-même. En effet, nous sommes restés coincés quatre jours à Sary Tash, un véritable trou à rats où l’on nous a dépouillé d’une belle liasse de billets (et de tout espoir de franchir la frontière Tadjike en stop). Tant pis, après avoir aligné sur la table poisseuse d’un troquet nos derniers soms (monnaie Kirghize), nous grimpions à l’arrière d’un 4×4, prêts à affronter la redoutable Pamir Highway.
Laissez-moi vous dire que nous en avons eu pour notre argent ! À près de 4600m d’altitude, gobant des kourouts (billes de fromage) entre deux tartines de smetan (beurre de yak), nous reprenions goût au voyage, et abandonnions très vite notre taxi pour nous adonner de nouveau au stop. Nous étions alors en route pour l’une des plus grandes expéditions de nos vies, bien que nous l’ignorions encore.
Face aux montagnes enneigées de la chaîne du Pamir, ingurgitant cul sec de grandes rasades de vodka – tout comme nos conducteurs éméchés – nous avancions, bon an, mal an, éclatant un pneu par ci, dormant dans une yourte par là. La tête dans les nuages, frigorifiés mais radieux, nous nous métamorphosions en d’éphémères souverains de la piste, à qui le monde entier semblait alors appartenir. Baragouinant quelques paroles en russe, entre les murs de tôle des rares chaïkhana que nous croisions, nous réussions même le pari osé de parvenir à plaisanter avec nos compères Tadjikes (mais peut-être était-ce seulement ce tord-boyaux musclé qui nous procurait d’interminables fous rires).
Les souvenirs heureux de notre virée Tadjike furent nombreux, et je ne pourrais tous les conter ici. Il en fut de même en ce qui concerne le reste de notre road trip en Asie Centrale et sur les terres Caucasiennes, avant d’entrer en Iran puis finalement, sur le territoire Turc. Dire que la veille encore, nous avions neuf mois devant nous – une éternité – et des songes plein la tête, mais le temps avait fait son œuvre et nous frappions déjà aux portes du vieux continent, poussiéreux et quelque peu mélancoliques. Heureusement, effectuer un tel voyage ne consiste pas à rayer un item sur la liste des rêves à réaliser à jour, mais à en imaginer mille et un autres. Une page qui se ferme, c’est un nouveau chapitre qui s’ouvre, et les années qui suivirent ce périple n’auront eu de cesse de me le confirmer.
Enfin, pour aller plus loin, je vous invite à retrouver le bilan de ces neuf mois d’aventure, le long du légendaire itinéraire de la Route de la Soie, ainsi que tous les articles relatant mon tour du monde, qui dure depuis sept ans déjà…
Une dernière chose, si vous avez également effectué un road trip en Asie et que vous souhaitez partager cette expérience ici (ou si vous avez des questions), n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire ci-dessous, je vous lirai avec plaisir !
Bonsoir
Nous avons pour futur projet un ROAD TRIP D’un an en ASIE ( nous n’avons pas encore bien défini notre parcours le projet est tout frais ) mais nous souhaitons visiter la plupart des pays d’ASIE nous connaissons déjà un petit peu la Thaïlande ( que nous avons visité il y a déjà quelques années enfin PHUKET/KRABI et les iles voisines de ces villes ).
Nous avons 2 enfants qui auront 2AN et demi et 7 ANS lors de notre potentiel départ en SEPT/OCT 2023.
Je souhaiterai avoir vos conseils et informations quant aux visas dont on a besoin dans les differents pays d’ASIE ( doit on les demander en avance ou peut ton les demander au fur et a mesure de notre périple, à partir de combien de jours sur place doit on avoir ces visas ?sachant que les règles doivent changer d’un pays à l’autre ….)
Nous envisageons plusieurs solution un ROAD TRIP en van par exemple, est il possible de trouver des vans sur place ? si oui a quel prix environ ?
Si vous avez d’autres informations, conseils à nous donner pour nous éclairer dans notre projet nous sommes preneur !!!
Merci de votre retour.
Que d’aventures et de beaux souvenirs emmagasinés au cours de votre périple. C’est un régal de vous lire. Merci de nous en faire profiter et bonne continuation !
trois ans déjà !
le temps passe vite … que de beaux souvenirs
comme je suis heureux d’être avec toi en ce jour pour en parler
il faut te prendre au vol !
bises de papi
Moi aussi ça m’a fait trop plaisir de te voir ! Gros bisous !