De retour de mon long voyage à pied, le long de la voie de Vézelay puis du camino Frances, j’ai demandé à quelques amis rencontrés en chemin de partager leur témoignage sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Voici, en quelques lignes, les meilleurs conseils que ces derniers aimeraient transmettre aux randonneurs débutants, comme aux plus confirmés…
Michel, de Dieppe :
« Avoir un bon bouquin pour savoir où dormir le soir, comme le Miam Miam Dodo (non pas pour savoir ce qu’il faut visiter sur le camino, mais c’est très utile pour trouver des points de chute le soir). De même, il est primordial de choisir une bonne paire de chaussures de marche. Par ailleurs, engager la conversation avec les personnes se trouvant sur le Chemin est souvent très bénéfique : c’est de cette manière que j’ai été invité à boire ou à manger chez des gens, de supers souvenirs ! »
José, de la Flèche :
« À la fin de la journée de marche, le soir arrivant, lorsque nous sommes à la recherche de l’endroit idéal pour le bivouac, l’appétit insatiable du pèlerin pour les kilomètres parcourus peut nous amener à passer à côté du spot parfait. Gourmand, il se dit : encore un peu, je trouverais bien. Et souvent, après avoir marché plus longtemps que prévu, on se rabat sur ce que l’on trouve. Mon conseil serait alors le suivant : savoir contrôler cette envie d’avancer plus que de raison, savoir écouter son esprit et son corps pour prendre les meilleures décisions. Car si l’on rate le site parfait, il y a bien quelque chose de très difficile pour le pèlerin : revenir en arrière. »
Michel, de Belgique :
« Être attentif à son corps, s’écouter, surtout ne pas forcer. Les douleurs physiques étant la première cause d’abandon, il est très important de prendre soin de soi sur le Chemin de Compostelle, afin de bénéficier au mieux de tous les bienfaits de la randonnée. »
Jean-François, de Paris :
« Un secret de Pèlerin ! Il faut que je cherche un peu. Ne pas se donner une date d’arrivée, et encore moins penser à l’arrivée. Faire son chemin à son rythme… Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui se donnent suffisamment de temps pour effectuer un tel chemin. On ne se rend pas compte de ce qu’est le chemin, de ce qu’il représente. J’ai rencontré des chinois qui faisaient le chemin pour aller brûler leurs diplômes à Fisterra. Ils venaient de si loin, par avion puis covoiturage jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port : il doit bien y avoir quelque chose de spécial, pour venir du bout du monde. »
Patrick, d’Orléans :
« Faire son sac à dos pour Compostelle en rangeant toujours ses affaires au même endroit. Apporter des épingles à nourrice pour attacher ses affaires (sur le sac, pour les faire sécher…). Si on a des pieds à ampoules, on ne pourra pas les éviter, par contre on peut changer ses chaussettes toutes les trois ou quatre heures afin de garder les pieds au sec, cela peut réduire les ampoules. »
Gina, de Grèce :
« Faire de nombreuses recherches auparavant, sur tous les petits détails pratiques, et porter ses chaussures quelques temps avant le départ. N’apporter que le nécessaire pour voyager léger le plus possible. Écouter son corps. Mais même si vous ne suivez aucun de ces conseils, à la fin de la journée vous le verrez : tout ira bien, vous souffrirez juste un petit plus que le reste des pèlerins ! »
Roy, des États-Unis :
« S’entraîner avant, car c’est mieux de réaliser que quelque chose ne va pas avant le départ qu’une fois en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Être ouvert à n’importe quelle expérience que vous apportera le camino, et aux leçons que vous pourrez apprendre des autres en chemin. »
Le monde était là, autour de moi, et j’ai compris que je lui avais prêté attention très peu souvent.
Paolo Coelho, Le pèlerin de Compostelle
Blanche, de Paris :
« Je pense au temps surtout, je ne sais pas si c’est le genre de conseils demandés mais je dirais que c’est un chemin qui ne se compte pas en kilomètres, mais en jours. Chaque pèlerin est unique et va à son rythme de marche et de vie. On ne mesure pleinement ce chemin millénaire qu’en lâchant prise, en acceptant de trouver notre rythme, notre marche, en prenant le temps pas après pas. Ne pas avoir peur d’avancer à son rythme, c’est se donner la possibilité de faire de belles rencontres : quand on s’aventure seul sur le chemin de Compostelle, on trouve souvent ses compagnons de route par le rythme de notre marche, qu’elle soit lente ou rapide ! Accepter les jours qui s’égrènent, c’est commencer à vivre intensément Saint-Jacques ! »
Mon ultime conseil secret :
Après tous ces conseils profonds (mes amis ont bien fait leur travail et je les en remercie…), je vais vous avouer quelque chose : dans les témoignages que l’on lit sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, on ne vous dit pas tout ! Alors, quitte à manquer quelque peu de tact, voici le dernier conseil que je souhaiterais ajouter : ne portez que des sous-vêtements qui restent là où ils devraient rester. Oui, car en effet, marcher plusieurs dizaines de kilomètres par jour, avec un bout de tissu coincé au mauvais endroit, cela vous brise un pèlerin en moins de deux. Voilà pour mon humble contribution.
J’espère que ces différents témoignages de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle vous aideront à mieux préparer votre randonnée, si vous vous lancez dans un tel projet. Malgré les ampoules, la fatigue et les autres difficultés que le camino nous oblige à affronter, ce périple de 1800KM à pied fut l’une des plus belles périodes de ma vie, et je vous souhaite à tous de pouvoir vivre un jour une expérience aussi forte…
Témoignages de pèlerinage vers Compostelle :
Si vous avez envie d’en savoir plus et de lire d’autres témoignages de pèlerinage vers Saint-Jacques, voici quelques articles susceptibles de vous intéresser :
- Ce que nous avons trouvé sur le Chemin, ou le témoignage de nombreux pèlerins sur le site de Saint-Jacques info ;
- Témoignages non pas des pèlerins, mais des hospitaliers cette fois (bénévoles qui accueillent les pèlerins dans certains gîtes), sur le site Pèlerins de Compostelle ;
- Ma sélection des meilleurs livres sur le Chemin de Saint-Jacques.
Avant de terminer cet article, je souhaitais remercier les différents pèlerins cités ci-dessus pour avoir accepté de nous faire part de leur témoignage. Enfin, pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver la totalité de mes articles sur le Chemin de Compostelle, ainsi que mes autres récits de voyage, et tous mes écrits relatant mon tour du monde.
J’oubliais ! Si vous aussi avez déjà effectué un pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, je vous invite à partager avec nous vos conseils et retours d’expérience dans les commentaires ci-dessous !
Et voilà, j’ai remis tout ça au propre après avoir ruminé ces paroles tout au long du Chemin….
VIA PODIENSIS !
Sur l’air de « SANTIANO »
Je pars pour un voyage avec l’sac au dos
Partir tôt pour Santiago !
Quatre cents lieues sans oublier l’eau
Nous marcherons sur El Camino
Je pars pour de longs mois en laissant marmots
Partir tôt pour Santiago !
En y pensant j’avais le cœur serré
En quittant le Puy-en-Velay
Il parait que là-bas
Il y a l’tombeau…
Partir tôt pour Santiago !
Du grand Jacques j’irai voir les os
En chemin je ferai plein de photos
Surtout pas de sabots
Mais d’bons godillots
Partir tôt pour Santiago !
Deux bâtons, un solide sac à dos
Nous marcherons avant qu’il fasse trop chaud
Quant à la météo
N’oublie pas l’poncho
Partir tôt pour Santiago !
Lunettes, casquettes pour protection
Une capote pour aller à Condom
Je passerai par l’Aubrac
Et puis par Roncevaux
Partir tôt pour Santiago !
Confits d’oie, et surtout d’l’aligot
Je m’en mettrai tout plein les boyaux
Pour parvenir à bon port
Écoute bien ton corps
Partir tôt pour Santiago !
Mets pommades et de la fausse peau
Faut soigner tous les petits bobos
Gîtes d’étape, chambres d’hôtes
Pour quelque repos
Partir Tôt pour Santiago !
Merci pour l’hospitalité
Et de nous servir du bon manger
Nous passerons par Montcuq
Mon dieu qu’il est beau
Partir tôt pour Santiago !
Le cloitre à Moissac quelle merveille
Nous boirons le chasselas sous la treille
Nous nous mirerons dans l’eau
Des lacs, fleuves’et canaux
Partir tôt pour Santiago !
Nous verrons chapelles et vieux châteaux
Et églises aux antiques chapiteaux
Passant par la Gascogne
Mordiou que l’soleil cogne
Partir tôt pour Santiago !
Je tâterai des bons apéritifs
Pousse rapière, floc et tous digestifs
Il faudra scruter l’balisage
Sur tous les poteaux
Partir tôt pour Santiago !
Souhaitez à tous « Buon Camino » !
Aux Jacquets et férus d’l’a rando
En marchant sur les routes
J’ai eu quelques doutes
Partir tôt pour Santiago !
J’ai bien cru ne pas y arriver
Je m’suis donné un grand coup de collier
En entrant en Navarre
Et malgré le brouillard
Partir tôt pour Santiago !
J’ai deviné la chaîne des Pyrénées
Et j’ai su qu’il faudrait les passer
J’ai pris du gâteau basque
J’en ai repris en masse
Partir tôt pour Santiago !
Cela explique que je n’ai pas maigri
Mais mes muscles, eux ont bien durci
A Saint-Jean-Pied de Port
J’ai cherché les bateaux
Partir tôt pour Santiago !
A défaut d’remonter vers le nord
J’ai grimpé et rejoint Roncevaux
Un jour, j’reviendrai la coquille sur l’paletot
Partir tôt de Santiago !
Au pays j’irai r’voir les potos
Et leur raconterai El Camino !!!
Gilles Pivard Jacquet 2022-2024
Merci Astrid pour ce partage. Comme quoi, faire ce dont on a envie (en l’occurrence : partir et voyager, seule) peut paraître de prime abord égoïste, et pourtant… ton blog est la preuve qu’il n’en est rien, qu’en s’écoutant, en se faisant confiance et plaisir à soi-même, on enclenche une roue positive qui profite à bien d’autres que soi.
Tu donnes aux autres via ton blog, les autres voyageurs donnent à leur retour l’énergie, la force, les trésors trouvés sur leur chemin. Merci à vous tous, et merci Astrid pour ton travail fantastique. Ton blog est dingue. Quelle vie!
Bonjour Astrid, j’ai pour projet de faire le chemin de compostelle en 2021 j’aurais souhaiter savoir combien tu as dépensé environ sur ton trajet ? Dans quel lieu tu as dormi et de quelle façon tu t’organiser pour les repas ?
Bonjour Astrid!
Je te suis sur Instagram et j’ai suivi de près ton périple de cet été (j’étais en même temps que toi dans le Val-de-Loire) ainsi que ton séjour dans le Doubs (ma region natale). Je me permets de te contacter d’abord pour saluer toute ta vie et toutes tes aventures qui me font totalement rêver!
Je vis actuellement à Lisbonne et je compte partir au mois de mars 2021 à Saint Jacques de Compostelle en prenant la Via Lusitana puis en rentrant à Besançon toujours à pieds sur les caminos espagnol et français.
Je te remercie pour tes articles et conseils. J’aurai aimé savoir combien de temps à l’avance tu t’y étais pris pour préparer ton voyage. Etant donné que je vais partir de Lisbonne, sais-tu si je dois demander mon credential à Lisbonne ou en France?
Combien de kilometres faisais-tu en moyenne par jour?
Je t’avoue que ce sera ma première « longue » marche et j’ai peur de faire des erreurs de débutantes…(même si c’est comme ça qu’on apprend).
Je te remercie et te tire encore une fois mon chapeau pour toutes tes aventures, encore merci de les partager avec nous.
Salut Emilie, merci pour ton message te tes gentils mots. Super ton projet, trop cool ! Fais-moi signe quand tu arriveras dans le Doubs surtout ! Pour ta question, tu peux acheter ta crédentiale à la cathédrale de Lisbonne (c’est ce que j’ai fait). Je faisais je pense une trentaine de kilomètres par jour, parfois plus, parfois moins, au feeling. Ne t’inquiète pas, va à ton rythme et tout ira bien ! Buen camino à toi 🙂
merci pour ton ultime conseil …
j’ajoute qu’il est également valable en vélo (que je pratique chaque jour!)
biz
Hehe merci pour l’ajout^^
Bonjour amie de toujours !
Je t’écris enfin, pour t’encourager, et te remercier.
De ta lumière, tu m’as illuminé, j’étais perdu dans ma vie lorsque tout s’effondrait. Et j’ai lu ton article « pourquoi voyager ». Et depuis petit, je suis un aventurier, mais j’ai laissé ce rêve avec le monde se cacher derrière les codes.
Avoir lu ton article, a embrasé de nouveau le feu qui se trouvait en moi, le feu de la vie. Le feu du mystère. Le feu du miracle.
Et depuis, je suis parti, j’ai pris la route, et jamais, ô grand jamais, je n’ai connu de si fortes joies, que d’avoir confiance en moi et en le monde. Merci, du fond du coeur.
Tu étais là dans les moments difficiles, à me dire qu’il fallait garder le moral, et ton esprit m’a épaulé dans les moments difficiles, en tout cas, l’esprit de l’aventure et de l’amour de la vie que tu incarnes m’a donné la foi, et le ciel et la terre se sont chargé de me prouver que tu avais raison.
Je t’aime, du fond du coeur.
Puisse tu te rappeler dans les moments difficiles, que tu as redonné vie à une âme perdue, par ton courage et ton amour.
Merci et bonne vie <3
Merci Antoine pour tes mots ! J’espère que tu vas bien. Prends soin de toi…
Bonjour,
Excellent témoignages et terriblement humain, cela fait chaud au cœur, bonne continuation à vous .
Bonjour Patrick, et merci à vous pour votre message, qui me fait également très plaisir à lire ! Bonne continuation à vous aussi 🙂