Bangkok, Thaïlande, 37°C à l’ombre. Quoi de mieux qu’un petit stage d’une semaine de Muay Thai, ou boxe thaïlandaise, afin de transpirer un peu, et de perdre les quelques kilos emmagasinés à Séoul.
J’avais déjà pratiqué quelques arts martiaux en France, du judo-jujistu en passant par le shorinji kempo, la boxe française et la boxe fitness. Je salue mes anciens professeurs au passage car j’ai bien pensé à eux cette semaine!
Je n’en avais pas fait très longtemps, quelques années au total, mais en tout cas suffisamment pour me donner l’envie d’approfondir un peu…
Un démarrage en douceur :
Nous sommes le jour de mon arrivée en Thaïlande. Je me promène dans les rues de la capitale à la recherche d’un gym, ou club de Muay Thai, histoire de tenter de sortir des sentiers battus. Je tombe sur un entraînement ouvert au public et le cours paraît assez physique, mais à ma portée.
Je décide donc de m’y inscrire dès le lendemain. En bonne française, fidèle au cliché et très sûre de moi, je suis déjà certaine de démontrer à tous à quel point je suis douée, ici à Bangkok, Mecque de la boxe internationale.
Le premier jour de boxe est plutôt tranquille, nous ne sommes que des filles et beaucoup débutent. Je me donne donc à 200% dès les premières minutes, bien installée devant un grand miroir, ça c’est pour la petite touche narcissique. Bon au bout de quinze minutes, je suis déjà rouge écarlate, et fais quelques pas de côté, ne supportant plus le reflet de mon visage tout moite.
L’entraînement se passe bien, deux heures intenses de sueur sous les encouragements des professeurs. Ils sont d’ailleurs très sympathiques, et même s’ils ne parlent presque pas anglais, ils font preuve d’un certain sens de l’humour qui me fera rire plus d’une fois.
Rester concentrée relève tout de même du challenge, entre les nuées de moustiques à l’appétit insatiable, les chatons traversant le ring en courant les uns après les autres, et les lézards jouant à cache-cache avec nous, on ne sait parfois plus où donner de la tête. Et c’est sans compter les touristes qui entrent prendre des photos volées, comme dans un zoo. Merci mais si vous pouviez éviter de publier mon visage tout dégoulinant sur Facebook, ça serait vraiment cool…
On va arrêter de frimer maintenant…
Le lendemain au réveil, le moindre mouvement est rude : j’ai des courbatures de la nuque aux pieds (si c’est possible!) et ce, malgré les étirements de la veille. Je me suis inscrite au cours pour sept jours, il va falloir assurer maintenant!
Retour au gym, et surprise, il n’y a que des hommes aujourd’hui. Le genre de gars (très) musclés et tatoués de partout. Des boxeurs pros qui viennent s’entraîner quelques temps en Thaïlande, venant d’un peu partout.
Entre autres, un japonais tout droit sorti d’un manga, un sud africain qui boxe depuis dix ans, un espagnol qui doit peser deux fois mon poids, et un canadien qui malgré son sourire angélique a une frappe d’une puissance démoniaque.
Là, je ne fais plus du tout la maline, j’ai déjà du mal à faire les échauffements à cause des courbatures, je me rends compte que ça va être sportif aujourd’hui et je ravale ma trop grande fierté d’un trait.
De plus, mon prof de Muay Thai, un petit gringalet mesurant environ 1,90 m pour 80 kgs de muscles m’a à l’oeil, je fais sans doute trop de pauses à son goût (des pauses de trente secondes à tout casser, mais des pauses quand même!). Ce dernier se met soudain à bondir sur moi, le coude saillant, aiguisé presque, pour illustrer l’exercice, et ce en hurlant de toutes ses forces je ne sais quoi en thaïlandais.
Même pas peur! Enfin pas trop. Bon, je flippe grave en fait. A ce moment je réalise que d’un seul coup de poing, ce géant pourrait me tuer, sans effort ou presque. Alors je ne vais pas trop broncher. Et tant pis s’il me fait faire des pompes jusqu’à perdre l’usage de mes deux bras, ou si les dizaines d’abdominaux s’enchaînent à un rythme de plus en plus effréné, je ne vais pas contredire le boss.
Le lendemain, même chose : mêmes courbatures, et mêmes athlètes. Mais elles sont où les filles du premier jour??? Un gaillard à la musculature impressionnante fait un malaise sous mes yeux.
Là, (et c’est pas gentil, oui je sais), je suis tout de même bien contente que quelqu’un ait lâché prise avant moi. Cet incident finalement sans gravité calme un peu les entraîneurs, qui se rendent enfin compte qu’il fait super, super chaud. On finit donc la séance en douceur. Bon, relativement en douceur.
Sac de frappe 3 – Astrid 0
Les différents professeurs trouvent toujours que je manque de puissance, de force de frappe. Tu m’étonnes, non mais 37°C quand même! Ils se mettent tour à tour à me crier Power! Power! Là, je vous jure, je m’exécute et frappe plus fort.
Du coup, j’ai un bleu qui recouvre entièrement mon genou, il saute aux yeux de tous, sauf à ceux des entraîneurs qui ne sont pas là pour rigoler. C’était où le cours pour les touristes au fait? Je ne vous parle pas de mes coudes… Des bleus, ça fait mal, mais ce n’est pas trop grave, ça passera.
Je sais déjà que je ne serai pas super sexy pour aller à la plage la semaine prochaine, mais bon on ne fait pas le tour du monde pour être glamour (ou alors dites-moi comment faire, je suis preneuse!). Par contre, je me suis éclaté le dessus du pied droit contre un sac de frappe. Oui, je suis tellement douée que je me suis fais mal toute seule. Trop forte la fille (ils sont super durs ces sacs de frappe ou c’est moi???).
Il faut dire aussi qu’on boxe pieds nus, gare aux mauvais mouvements! Là je dois quand même demander au warrior qui me sert d’enseignant, un peu gênée, d’y aller doucement :
Euh… Sorry… Sorry… Can I kick slowly today please?
Coup de chance, ce prof là est le plus doux des trois. S’il n’arborait pas des tatouages de partout, sur son corps trempé par l’effort, et dont les muscles jaillissent jusqu’aux joues, on pourrait penser que cet homme est un agneau. Il me fait donc travailler d’autres mouvements et laisse un peu de répit à mon pied qui s’en remettra à peu près.
Retour d’entraînement :
Les entraînements n’ont beau durer que deux heures, ils occupent la quasi-totalté de mes journées à tel point ils sont épuisants. A chaque fin de séance, même rituel. Premièrement, je regagne ma chambre, tête baissée, tellement je ne ressemble plus à rien.
Je refais quelques étirements sous le ventilateur poussé à puissance maximum (en me demandant s’il ne finira pas par me tomber dessus à force de tanguer ainsi), puis je prends une douche interminable.
J’en profite toujours pour faire ma lessive en même temps, car rester sous l’eau me permet de faire redescendre un peu ma température corporelle. De toute façon j’utilise la même savonnette pour tout, alors je ne suis plus à ça près.
Je mange ensuite un morceau, des céréales ou des gâteaux, quelque chose qui redonne un peu d’énergie, je finis mon quatrième litre d’eau de la demi-journée, puis je m’endors comme une merde une fleur, à une heure que je n’ose avouer.
Les derniers jours :
Le plus difficile est passé : avec les jours qui défilent, mon corps s’habitue et a pris un nouveau rythme. Les cours sont toujours aussi physiques, mais j’ai plus d’endurance, j’adapte mieux mon alimentation, me forçant à manger davantage avant les entraînements afin d’avoir plus d’énergie, et j’arrive plus ou moins à éviter de me faire mal toute seule (balèze hein?)
De plus, en restant discuter après les séances, dans un anglais approximatif, j’ai découvert de nouveaux visages qui se cachent derrière les grimaces tendues et si sérieuses des professeurs. Ils sont là pour nous pousser au maximum, mais en réalité ils sont loin d’être de gros durs.
Bon le petit short rose estampillé boxer lover de l’un d’entre eux, et le fait de les voir tous les trois se précipiter pour m’aider à enfiler mes gants (?!?) au début de chaque séance, m’avaient déjà mis la puce à l’oreille… Les gars, je n’ai que deux mains hein!
Le bilan :
Après une semaine intensive de Muay Thai, je suis comblée. D’un point de vue technique, sept jours ne sont bien évidemment pas suffisants pour faire beaucoup de progrès, mais cette expérience complète tout de même un peu mes acquis en arts martiaux, me donnant un peu plus d’assurance et d’aisance dans mes mouvements. De toute façon, je n’aurais vraiment pas pu tenir plus d’une semaine, mais qui sait, je pourrais peut-être refaire un stage un de ces jours?
Par ailleurs, si j’étais venue pour chercher mes limites, je pourrais dire que je les ai trouvées très vite! En réalité, je m’étais surtout inscrite pour avoir une idée un peu plus précise sur ce sport tant adulé que critiqué. Je sais désormais que c’est très physique, encore plus sous une chaleur intense.
Les valeurs véhiculées sont les mêmes que pour les autres disciplines de boxe que je connaissais : respect, engagement, dépassement de soi, goût de l’effort, et j’en oublie sans doute beaucoup. Le Muay Thai ne fait pas l’apologie de la violence, même si les combats de professionnels peuvent être très impressionnants. Les entraînements quotidiens apprennent au contraire à mieux canaliser notre énergie, à respecter l’autre, et à connaître nos limites.
En quittant les lieux une dernière fois, je repense à l’avant première séance, où j’étais si sûre de mettre une bonne raclée à tout le monde. C’est beau d’être jeune… C’est fou comme on peut être prétentieux parfois…
Enfin, n’hésitez pas à lire l’article sur mon voyage alternatif en Thaïlande, celui sur mon tatouage fait à Bangkok, ou l’intégralité de mes autres récits de voyage!
Ton expérience est rigolote.
Je suis ravie qu’un maximum de personne viennent découvrir notre sport!
Hello 🙂
Pourrais tu me donner l’adresse de cette salle? Et une idee du prix si tu t’en souviens? Ça m’intéresserait de mettre une raclée aux thaï 😉 ahahah
Merci beaucoup, super article !
Salut Clémence! Oulala j’aurais aimé te donner plus d’infos, mais je viens de regarder dans mon petit carnet de bord et pas moyen de retrouver l’adresse. Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il y avait plein de clubs très faciles à trouver surtout à Bangkok, mais même dans le reste du pays, et si mes souvenirs sont bons j’avais payé 50$ pour la semaine. Mais méfie toi, ils pourraient bien te mettre une raclée et non l’inverse haha 🙂 Bon voyage à toi!
Hey!
Super article, je fais du muay thai et je confirme, on se fait beaucoup mal tout seul hahaha. J’ai beaucoup aimé le ton ironique, c’est vrai que parfois on est un peu prétentieux 😀 On a l’impression que, certes, c’est difficile, mais que bon, on a de la condition….jamais assez pour ce sport. Mais bon, au moins, en faisant du violon depuis que je suis enfant, j’ai vite appris que mes passions étaient ingrates.
Cool d’avoir essayé autant de trucs! Faudra ré-essayer hors contexte (torture) hardcore!
Haha oui c’est sûr! Bon, avec le violon, moins de risque de te blesser tout de même! Enfin je dis ça, je n’en sais rien…? 😉
Hello, top ton article, ça donne envie.
D’ailleurs, nous sommes en plein tour du monde, enfin on vient de commencer, et les cours de myua thaï étaient au programme, te souviens tu de la localisation du club, et le prix ?
Merci beaucoup !
Coucou! J’espère que votre TDM se passe bien…? Pour le muay Thaï, je n’ai pas l’adresse (et je suis en Afrique là, difficile de rassembler mes souvenirs!). J’ai trouvé le club en me promenant dans la rue, ils s’entraînaient dehors. Il y a des gyms un peu partout à Bangkok et même dans les autres villes du pays, vous n’aurez aucun souci à vous inscrire pour quelques heures ou quelques jours. Pensez juste à vérifier le niveau d’entraînement, j’en ai bavé! 🙂 Bonne route à vous!
Je me suis régalé pendant cette lecture … Le coup des pauses de 30 secondes … T’abuses c’est normal qu’ils aient envie de te casser la figure non? 😉
YL
au début de ton récit, j’avais un énorme sentiment de culpabilité…
mais je vois que tu t’es défendue comme une lionne !
bravo ma Rouma
Woo c’est dingue! J’ose pas imaginer l’état dans lequel tu dois être après une séance comme ça! C’est incroyable. L’article est passionnant et se lit d’une traite comme d’hab! Merci Astrid 🙂
Merci Clément!!! Gros gros bisous à toute la famille, I already miss Shanghai!!! 🙂
Ah, bah maintenant, le premier qui t’emmerde sur la route … ouch 😉 La boxe, ça n’est pas trop mon truc, mais pratiquer une activité physique aussi intensive avec des chaleurs pareilles, sincèrement, chapeau bas !
Merci Laurent! Suis flattée que tu prêtes attention à mon blog, j’admire toujours autant le tien! Biz de Siem Reap 🙂
Wa…… c’est impressionant……!
Gros bisous Agnès 🙂 Vous me manquez trop!
Cet article m’a fait rire et c’est avec plaisir que je le relirai! Chapeau Astrid! I am sure all these though guys were impressed by you!
Bisous.
Marie-Christine
Merci! Pas sûre qu’ils aient été si impressionnés que ça, mais en tout cas j’ai tenu bon! Gros bisous <3