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Tu n’as pas peur de voyager seule? C’est dangereux pour une fille…

Cette remarque, on me l’a faite des dizaines de fois. Pas un jour ne passe ou presque, sans que quelqu’un ne me demande si le fait d’être une fille, seule, sur la route, n’est pas trop difficile à vivre.

Ma réponse est non. Définitivement, non. Le monde n’est pas plein à craquer de psychopathes et de violeurs en série. La télévision et les médias ne reflètent pas la réalité qui nous entoure. Le monde est bon. Intensément bon.

M’héberger :

En famille, Shanghai

En famille à Shanghaï

Je suis une grande adepte du couchsurfing, comme je l’ai déjà souvent dit. Être une fille est un avantage certain. Personne ne redoute d’héberger une femme seule chez soi. Dans chaque nouvelle ville, lorsque j’écris mes demandes (ou couch-request), je reçois une dizaine d’invitations pour un ou deux envois. Tous mes hôtes me le confirment lorsque j’arrive chez eux : qu’ils soient hommes ou femmes, héberger une fille est bien plus facile que d’inviter un garçon.

Ce n’est pas vraiment logique quand on y pense : être une femme ne certifie pas que je sois quelqu’un de bien, mais c’est dans la nature humaine de raisonner ainsi. Pour être honnête, moi, ça m’arrange bien. Si j’étais un homme, je devrais probablement redoubler d’efforts pour trouver où dormir, c’est ce que tous les couchsurfers du sexe opposé m’expliquent, un tantinet jaloux…

Me protéger :

Autostop, Cambodge

Autostop au Cambodge

J’ai fait beaucoup d’auto-stop dernièrement. Bien évidemment, la question relative à ma sécurité revient régulièrement.De nombreux conducteurs m’expliquent qu’en me voyant, seule avec mon sac, sur le bord de la route, ils ont voulu m’aider.

Beaucoup s’inquiètent que je puisse faire une mauvaise rencontre, alors, pour me protéger, ils s’arrêtent, et me font monter. Ils ont ainsi l’assurance que rien ne pourra m’arriver de mal, puisque je suis avec eux. Souvent, ils me conduisent jusqu’à ma destination finale, bien que je leur explique que je peux parfaitement me débrouiller toute seule. Ils me déposent après avoir fait un grand détour, et repartent, la conscience tranquille.

J’ai ainsi fait d’adorables rencontres, bien trop nombreuses pour pouvoir toutes les évoquer. Mais comment ne pas citer Manaf, chauffeur routier en Malaisie, qui m’a gardée près de lui durant trois jours, et m’a fait traverser une bonne partie du pays. Plus de 500 km ensemble, à communiquer avec des gestes, et à rire de nos mimes pas toujours très explicites. Si j’étais un homme, je pourrais bien sûr voyager aisément en stop, beaucoup le font, mais je suis convaincue que je bénéficierais pas de toutes ces petites attentions supplémentaires.

Un peu de galanterie pour la route :

Repas chinois

Repas chinois, Shanghaï

Je ne compte plus les fois où un charmant jeune homme m’a proposé de porter mon sac à dos, me faire visiter les environs, ou m’offrir un verre, voire un bon restaurant. Bien sûr, toutes les propositions ne sont pas bonnes à prendre. Je suis quelqu’un d’ouvert, mais pas stupide non plus. Toutefois, avec un peu de bon sens, de retenue dans mon comportement, et probablement grâce à l’expérience acquise au fil des mois, je sais différencier une invitation douteuse d’une proposition pleine de bonne foi. Croyez-le ou non, ces dernières sont bien plus nombreuses que ce que l’on imagine.

Pour autant, je n’en profite pas tant que ça. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Je refuse par exemple catégoriquement que l’on porte mon sac. Question d’honneur je suppose. Je reconnais toutefois qu’il n’est pas désagréable d’accepter un verre en terrasse, après une longue journée passée à arpenter les alentours. Et comme ma famille lit mon blog assidûment, je suis bien obligée de préciser que c’est en tout bien, tout honneur, même si cela va de soi. Si j’étais un homme, peu de chance que cela m’arrive, ne pensez-vous pas?

Bon ok, des fois, j’abuse un peu…

Nuit dehors, Cambodge

Passer une nuit dehors à Kampong Cham, Cambodge

Être une femme, je vous le garantis, c’est un grand plus. Je voyage régulièrement avec des personnes que je rencontre, car c’est toujours plus agréable d’être deux, et de partager des souvenirs en commun. Quand je suis accompagnée d’un garçon, c’est toujours moi qui part en éclaireur, lorsque nous avons besoin de quelque chose.

Je me souviens avoir demandé de prendre une douche gratuitement, dans un hôtel de luxe, à Kampong Cham au Cambodge. Nous venions de passer une nuit dehors, dans la poussière tenace de la ville. Comment refuser à une femme de se rafraîchir un peu? Ça ne serait pas humain… En plus d’une bonne douche, on nous a même offert le petit-déjeuner!

Je me rappelle le jour où, tout juste arrivée à Durban en Afrique du Sud, je n’arrivais pas à contacter mon couchsurfer, censé venir me chercher. La nuit arrivait à grands pas, la pluie commençait à frapper, et j’errais un peu perdue dans la gare routière assez glauque. Ma guitare sur le dos, je fis la rencontre d’un conducteur de minibus qui vivait plus ou moins à l’intérieur de son véhicule. Après quelques dizaines de minutes, ce dernier me rassura et m’expliqua que si je ne savais pas où dormir, je pouvais toujours passer la nuit sur l’une des banquettes arrières. Gentiment, il m’aida à téléphoner à mon hôte, lui expliqua où je me trouvais, et j’ai finalement pu rejoindre Paulo qui m’hébergea quelques jours. Si j’étais un homme, je serais peut-être restée longtemps sous la pluie, nul ne le saura jamais.

Le courage dans tout ça :

Bidonvilles, Nakuru, Kenya

Couchsurfing, bidonvilles de Nakuru, Kenya

Toutes les personnes que je rencontre sont admiratives de me voir traverser le monde entier, toute seule. Ma soi-disant bravoure est sans cesse mise à l’honneur. Moi, je suis convaincue du contraire. Le courage n’a pas sa place dans mon aventure, ou peut-être seulement la veille de mon départ, à l’heure de faire le grand saut. Je suis chaque jour invitée, protégée, chouchoutée, par des dizaines de personnes, hommes ou femmes d’ailleurs. Avec un peu d’ouverture d’esprit et de capacité d’adaptation, mon voyage se revêt être tellement fluide que la seule chose à faire est de me laisser bercer.

Je n’ai plus qu’à accepter de recevoir ce que le monde souhaite m’offrir. Sans plus d’attente qu’un moment de partage, les déceptions se font rares. Mon aventure a un aspect si linéaire que je commence à croire que tout cela était écrit quelque part. C’en est parfois gênant, tant je reçois. Je ne mérite pas plus qu’un autre toute cette générosité, et je culpabilise souvent d’avoir toute cette chance de voyager.

Mesdames, si vous hésitez encore à vous lancer, je ne pourrais que vous souhaiter de franchir vos dernières barrières qui vous confinent. Le monde est loin d’être ce que l’on croit. L’être humain est bon de nature. L’humanité est belle, immensément belle…

Orphelinat Nakuru, Kenya

Avec les enfants de l’orphelinat de Nakuru, Kenya

Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir mon guide de voyage pour les femmes (vous y trouverez une multitude d’informations pratiques, et les réponses à beaucoup de question que beaucoup n’osent pas poser), ainsi que l’intégralité des articles relatifs à mon tour du monde

Et vous, qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’être une femme en voyage est un avantage, ou l’inverse ? Dites-moi tout dans les commentaires ci-dessous !

Join the discussion 23 Comments

  • Manu dit :

    Ben moi c’est l’inverse. Je ne ferai pas de mal à une mouche mais je suis victime du délit de « sale gueule ». Je n’ai malheureusement pas la chance de ressembler à Brad Pitt et d’avoir un sourire Freedent du coup l’a priori est toujours négatif. Pour ceux qui me laissent ma chance, ils se rendent ensuite très vite compte que je suis absolument cool et normal. Le souci c’est que c’est toujours après coup et donc ça me bloque pas mal d’opportunités car les gens ne te jugent que sur ton physique au départ.

  • Sophia dit :

    Merci pour cet article rassurant 🙂 Cela motive pour (vraiment) sauter le pas.

  • Eleonore Plus d'un Tour dans mon Sac dit :

    Merci pour cet article qui me fait dire que je fais le bon choix de vouloir désormais privilégier ce mode de déplacement 🙂 On sent dans ton récit que tu as de l’expérience, ça rassure ^^

    Lors de ma première expérience en stop en France (toute récente, ça date de quelques semaines), une femme m’a prise et m’a avoué qu’elle ne prenait jamais d’auto stoppeur car elle en avait peur (une histoire d’un proche à elle qui a eu une mauvais expérience), mais qu’elle m’avait prise car j’étais une fille et que j’avais une « bonne tête ». Ça m’a fait plaisir d’entendre ça et je me suis dit que tant que je garde le sourire, il n’y a pas de raison que personne ne s’arrête ^^

    • Haha, on me l’a déjà fait ce coup : « t’as une bonne tête », c’est marrant car ça veut tout et rien dire à la fois… Mais ça fait toujours plaisir de savoir qu’on présente suffisamment bien pour ne pas rester en rade au bord de la route! Bonne continuation à toi 🙂

  • Christelle dit :

    Toujours un plaisir de lire tes articles. T’es une vraie fille du vent (je me permets de citer le clip de Keny Arkana lol, je ne sais pas si tu connais) !!
    Anyway, J’aimerais beaucoup voyager à ta façon voire faire un petit bout de chemin quelque part mais je ne sais pas si je pourrais être aussi débrouillarde… Qui sait, un jour peut-être, je prendrai 2 semaines pour en faire de même et traverser plusieurs pays. Profites-en bien en tout cas 😉 !

    • Coucou Christelle, haha oui je connais 😉 C’est gentil de ta part en tout cas. Tu sais, la débrouillardise vient au fil du temps, ça s’apprend, avec quelques loupés parfois qui finissent par être de bons souvenirs. En tout cas, je suis toujours heureuse de trouver des compagnons de voyage, donc à l’occasion si tu vadrouilles près de ma route, n’hésite pas! D’ici là, bonnes escapades celtiques à toi 🙂

  • Louise dit :

    Bonjour, j’adore ton blog, j’y viens régulièrement. Je n’ai jamais voyagé seule et c’est vrai que ça me fait peur. Je te lis et je trouve ta démarche courageuse, même si je suis certaine, oui, qu’il y a bien plus de bonté dans le monde que l’inverse. Mais pour l’instant, j’ai ce frein qui subsiste, peut-être qu’un jour… En tout cas, bonne route à toi et à bientôt.

    • Salut Louise! Merci pour ce témoignage. Tu sais, le seul courage qu’une fille doit avoir pour voyager seule, c’est de sauter le pas, après cela, tout est facile et l’aventure se déroule d’elle-même si on laisse les choses se faire. Le monde est bon, et je te souhaite de le découvrir par toi-même! Bon vent 😉

  • Anick-Marie dit :

    Merci pour cet article qui s’ajoute à ma collection sur le voyage au féminin…. J’en référence, et je publierai mon top 5 un de ces 4 ! 🙂

  • J’aime la façon dont tu décris le voyage en solo au féminin. Comme d’autres l’ont écrit, il y a également ta forte ouverture d’esprit qui te permet de réaliser tous tes projets.

  • Nina dit :

    Salut Astrid!

    J’adore cet article, j’ai l’impression de l’avoir écrit moi-même! J’aime beaucoup ta façon de décrire l’expérience d’être une femme qui voyage seule et c’est bien vrai que ça a beaucoup d’avantages! C’est un peu injuste que les gens fassent plus confiance à une femme qu’un homme, mais il faut bien qu’on en « profite » un peu 😉
    Quant à la question du courage, en effet le seul acte courageux a été le départ!! Après coup, je me suis toujours dit que c’était les gens qui restaient en France qui étaient courageux! Avant mon départ tout le monde me disait « mais t’es complètement folle », maintenant ils me disent tous « tu as de la chance! »
    (et entre parenthèse, ce n’est pas de la chance, c’est comme tu dis du travail et des sacrifices pour pouvoir financièrement partir sereine!)

    Continue d’en profiter à fond!!!
    Nina

  • Tugdual@visa_pour dit :

    Comme le dit papi, certes oui tu es en fille, mais tu es aussi et surtout dans une optique d’esprit qui te permets de réaliser ce genre d’aventures et c’est surtout ça qui mérite d’être relevé comme principale qualité. Le reste, le sexe n’est qu’un coup de pouce supplémentaire et tu as bien raison d’en user et abuser. Les rencontres ne sont qu’un hasard que l’on provoque. Travel safe, bonne route 😉

  • Clément dit :

    Nous on t’aurait accueilli que tu sois un garçon ou une fille 😀 je sais que Riri est un type bien donc sa soeur ne pouvait qu’être sympa aussi! C’est une question de confiance… je t’aurais laissé les clé de la maison et de la voiture les yeux fermés!

  • Olivia dit :

    Il suffit souvent d’un peu de bon sens et d’instinct pour différencier les propositions honnêtes et les propositions douteuses ! En plus d’être une fille, voyager seul offre des rapports complètement différents avec les gens : il est plus facile d’aborder une personne seule (une fille d’autant plus) qu’un groupe de 3 ou 4. Les gens sont bons, mais ils ont aussi leurs vies, et se dire qu’ils vont aider une personne qui sans eux se serait retrouvée toute seule en pleine cohue ou en pleine nuit les conforte dans leur geste, alors que quand c’est un groupe de 3 ou 4, ils se disent plus « oh, ils vont bien réussir à se débrouiller ».
    Je pense comme toi que le monde est bon, et je suis également dans la même situation, à rassurer mes proches (j’avoue, surtout ma mère) quand je voyage seule. Et pourtant, je suis loin de parcourir le monde ! Juste des voyages de temps en temps, profiter des vacances. C’est dans la nature humaine de s’inquiéter, et c’est dans la nature humaine d’aider les démunis (ou ceux qu’on considère démunis) ; les autres comportements, bien qu’on en parle plus souvent, sont des exceptions « mauvaises » qui ne devraient pas servir d’exemple.

  • Papi dit :

    bien sûr tu es une fille ! mais pas n’importe laquelle … et je t’ai toujours fait confiance
    merci pour ce rappel de tes aventures passées et bravo pour ce constat qui va sans doute
    susciter de nouvelles vocations …

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