Je suis rentrée récemment en France, un peu attristée, après avoir effectué un grand voyage autour du monde. Le retour à la vie sédentaire m’a un peu assommée, et ce n’est pas sans une immense joie que je me suis lancée à nouveau sur les routes du monde, cette fois en direction du Sud.
Il y a quelques mois, j’ai traversé l’Adriatique en bateau-stop, depuis la Grèce jusqu’à l’Italie. Auparavant, j’avais aussi franchi la rivière Chobe, toujours en bateau-stop, pour passer de la Zambie au Botswana.
Cette fois c’est l’Espagne, que j’ai traversée le pouce levé en direction de Gibraltar, d’où j’espérais pouvoir trouver un bateau susceptible de m’emmener gratuitement au Maroc. C’est chose faite, et voici mon récit.
De Cádiz à Gibraltar :
L’histoire commence à Cádiz, ravissante petite ville située au Sud-Ouest de l’Espagne, en Andalousie. Je suis actuellement accompagnée d’une amie qui m’a rejoint. Nous quittons la citadelle à pied, puis nous tendons le pouce à quelques dizaines de mètres seulement de la mer. Sûrement l’un des meilleurs spots d’auto-stop que j’ai connu de toute ma vie.
La route allant de Cádiz à Gibraltar n’est pas très fréquentée, et en plus, nous sommes dimanche. Nous aurions pu choisir un itinéraire plus rapide mais plus long si nous avions opté pour l’autoroute et non pour la route secondaire, mais en Espagne, nous avons déjà eu quelques incidents sur ces deux fois deux voies, et nous estimons qu’une journée à suivre la route côtière à travers la campagne ne sera pas de refus.
Nous avançons à une moyenne de dix kilomètres par heure, ce qui est, disons le clairement, relativement long. Toutefois, la totalité de nos bons samaritains du jour nous laisse un excellent souvenir, ce qui nous évite d’avoir à regretter notre choix.
Le dernier conducteur qui nous conduit à destination (Gibraltar) est un expatrié hollandais. Il habite en Espagne, et il gère un petit business d’import-export de crevettes depuis les Pays-Bas jusqu’au Maroc. Il affrète d’ailleurs un camion demain, depuis le port d’Algeciras jusqu’à Tanger. De façon aussi adorable qu’inattendue, il prend l’initiative de téléphoner à son chauffeur, et lui demande de nous aider à traverser le détroit de Gibraltar.
Sans hésiter, ce dernier répond qu’il pourra effectivement nous donner un coup de pouce, et accepte de faire monter à bord de son camion l’une d’entre nous. Il nous laisse ses coordonnées et nous demande de le rappeler le lendemain matin.
Arrivées à Gibraltar après une longue journée, nous sommes accueillies plus que chaleureusement par Madeline et Ricardo, un couple franco-portugais expatrié dans la région depuis des années. S’ils me lisent, je leur adresse une fois encore un grand merci…
Le port d’Algeciras :
Le lendemain, nous nous réveillons tous vers six heures du matin. On ne fait pas du bateau-stop comme on attrape un bus : les concessions doivent être à la hauteur des ambitions. Madeline et Ricardo nous conduisent gentiment au grand port d’Algeciras, d’où partent la majorité des ferries.
Nous appelons Rachid, le fameux transporteur de crevettes, et après une course folle à travers ce géant labyrinthe de containers pour ne pas louper l’heure de l’embarquement, ma coéquipière prend le large.
Il ne me reste plus qu’à faire de même, et je commence à prospecter autour de moi. La police maritime n’est pas très conciliante, mais en faisant profil bas je parviens à aller à la rencontre des routiers. La plupart sont marocains, et parlent espagnol ou français.
Après avoir essuyé quelques refus (mais pour être honnête, pas tant que ça), je fais la connaissance de Mohamed, chauffeur routier qui sans hésiter, accepte de me faire monter à bord de son camion en me disant :
Il y a juste un petit détail : j’ai déclaré un seul chauffeur. Il faudra donc que tu te caches sur la banquette arrière sous une couverture, et que tu ne bouges pas. Tu n’as qu’à dormir. Il n’y a pas de problème.
Bon. Et bien, c’est parti! Je grimpe dans la cabine du camion, m’allonge sur le lit, et commence une sieste bien méritée. Nous passons les contrôles de la compagnie maritime, Mohamed descend signer quelques papiers, et me voilà embarquée sur le ferry, en direction du Maroc pour un grand voyage en Afrique en mode sac à dos!
La traversée du détroit de Gibraltar :
Par je ne sais quel moyen, Mohamed a réussi à obtenir deux tickets offrant le petit-déjeuner aux routiers. En quelques minutes, nous voilà donc accoudés au comptoir, commandant cafés et sandwiches, tout en tentant d’éviter les regards inquisiteurs des autres chauffeurs, qui pensent – à voix haute ou presque – que je suis la maîtresse de Mohamed. Non non, je ne suis qu’une simple auto-stoppeuse, je vous jure…
Fort heureusement, ce dernier n’est pas marié, il n’aura donc pas de problème en rentrant chez lui ce soir. Par ailleurs, étant habitué à voyager un peu partout en Europe pour son travail, il fait preuve d’une grande ouverture d’esprit et loin d’être embarrassé, il s’excuse à mon égard au sujet de cette petite contrariété.
De mon côté, ça ne me trouble pas le moins du monde, étant donné que Mohamed ne semble pas gêné de la situation. Nous avalons donc notre petit-déjeuner, et mon bienfaiteur en profite pour me donner de nombreuses informations utiles à ma future aventure marocaine.
La traversée dure une heure et demi et je regarde lentement l’Espagne s’éloigner derrière le sillage du ferry. Minute après minute, je sens alors l’excitation monter : le royaume du Maroc se dresse, fièrement, en face de moi.
Premiers pas au Maroc :
Je rejoins ma copine qui m’attend à la sortie du bateau : notre sourire trahirait presque que nous avons traversé le détroit de façon peu réglementaire.
Nous sommes à cinquante kilomètres de Tanger (le port est très excentré), il est à peine midi et nous n’avons rien de prévu. Un peu comme je l’avais fait au Botswana il y a quelques mois, nous décidons de faire du stop au bord de la route, et de suivre les conducteurs où bon leur semble.
Unique décision à prendre : nous sommes face à un rond-point qui indique vers l’Est Tétouan, et vers l’Ouest Tanger. Descendre le long de la côte Atlantique semble correspondre à notre envie du moment, nous traversons donc la rue, et levons nos pouces bien haut!
J’écrirai un jour un article plus détaillé donnant des conseils pour faire du bateau-stop. J’attends tout de même d’accumuler un peu plus d’expérience sur le sujet.
Toutefois, sachez qu’en ce qui concerne les ferries, les routiers bénéficient souvent d’un deuxième ticket (gratuitement ou à très faible coût, cela dépend) correspondant à un hypothétique second chauffeur : le sésame de l’auto-stoppeur s’ils voyagent seuls – et si vous leur semblez sympathique! Il ne vous sera dans ce cas pas difficile de traverser la mer en stop!
Si cela ne fonctionne pas, rendez-vous directement au guichet des compagnies maritimes, en négociant un peu, vous pouvez obtenir assez facilement d’importantes réductions.
Si vous avez testé d’autres techniques, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires!
Me voilà donc au Maroc, et même si cela est d’une banalité affligeante à raconter, mes premières impressions sont délicieuses.
Je m’en vais donc découvrir de plus près cette terre riche de contrastes. Lors de mon premier voyage dans ce pays si particulier, je n’avais pas eu la chance de pouvoir prendre mon temps.
Aujourd’hui, libre de toute contrainte, j’espère pouvoir déceler au sein de ce royaume quelques secrets, défendus au visiteur trop pressé.
Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver toutes mes photos du Maroc ainsi que la suite de mon aventure en auto-stop au Maroc !
Hello,
Je prévois justement de descendre l’Espagne en stop cet été puis de continuer au Maroc mais entre les deux je pensais prendre le ferry… Je n’avais même pas envisagé le bateau-stop mais tu m’as donné envie de tenter le coup ! J’espère avoir autant de chance que toi ! 🙂
Salut Marine, merci pour ton commentaire, et bonne chance à toi alors !
Salut! Est ce que tu as fait de l’autostop aussi du Maroc à l’Espagne?
J’ai lit que c’est beaucoup plus difficile. Si tu l’ai fait, tu as de detailes? Marci!
Bonjour Davide, oui à l’aller comme au retour j’ai traversé l’Espagne, qui fut effectivement plus difficile. Pas de conseils particuliers à te donner, à part d’avoir de la chance et du temps devant toi 🙂 Bonne route !
Salut chouette histoire, ton visa tu l’as fait avant d’arriver au Maroc ( en Espagne ) ou une fois arrivée la bas ?
Salut ! Pas besoin de visa pour le Maroc quand on est français, donc je ne peux te répondre ! Bon voyage si tu y vas prochainement…
bravo ma Grande ! je me suis régalé
cela me rappelle un voyage Meung sur Loire – Canterbury en camion, avec traversée
de la Manche « gratos » à la table du Capitaine, relation du chauffeur …
Quand ça veut faire, ça fait !
bonne continuation
Sympa ce petit récit de la traversée du détroit de Gibraltar 🙂
Du coup après le Maroc tu te diriges vers où ? Plus au sud ?
Oui je descend vers le Sahara Occidental là, la route est encore longue! Bon vent à toi 😉