Faire le chemin de Compostelle en tant que femme seule est-il sans danger ? Vous avez été nombreuses à me poser cette question, et je prends enfin le temps de vous répondre ! Pour faire court, non, il n’est pas dangereux de marcher en solo sur le camino de Santiago lorsque l’on est une fille. Pour autant, et comme partout ailleurs, mieux vaut appliquer les quelques conseils de sécurité habituels. Les voici, ainsi que mon retour d’expérience après avoir voyagé seule 850km sur le chemin Portugais, puis 1000km sur la Via de la Plata, sans aucun problème…
Mon expérience toute seule sur le camino :
Tout d’abord, il faut savoir que l’adage ne ment pas : sur le chemin de Compostelle, on n’est jamais seul(e) ! Bien sûr, celles et ceux cherchant un peu de solitude en trouveront facilement, mais pour les autres, rassurez-vous, vous serez toujours bien accompagnés.
Durant mon premier chemin, j’avais marché avec une amie d’Orléans à Fisterra (via la voie de Vézelay puis le camino Frances), non pas que je ne souhaitais pas me lancer seule, mais j’avais eu envie de partager cette aventure avec une proche. Cette fois, sur le camino Portugais, il en fut autrement : j’avais à cœur de tenter l’expérience en solo, et je suis heureuse d’avoir sauté le pas ! Très vite, dès la première journée, j’ai rencontré des pèlerins avec qui j’ai sympathisé. L’un d’entre aux a marché à mes côtés de Lisbonne à Muxia, c’est vous dire si le courant est passé ! Bien sûr, nous sous séparions parfois quelques heures, voire quelques jours, au gré des aléas du chemin et de nos envies respectives. Mais le fait de savoir qu’à quelques kilomètres seulement, un ami m’attendait, a rendu mon aventure bien plus facile que je ne l’aurais imaginé.
Quand on voyage seul, on est bien plus ouvert aux rencontres que lorsque l’on est en groupe : même le plus solitaire des pèlerins a besoin de contact humain de temps à autres. De plus, cela nous permet d’apprendre à mieux nous connaître, à mieux appréhender nos besoins et nos limites, à ne pouvoir compter que sur nous-mêmes, à suivre notre propre rythme, à affronter nos peurs… D’ailleurs, la première des peurs n’est-elle pas celle de ne pas y arriver, nous donnant ainsi une excuse pour ne pas partir ? En allant à notre propre rythme, nous pouvons toutes et tous y arriver !
J’étais débarrassée de la peur de ne pas y arriver. Et de l’obsession d’arriver. Le suspense était ailleurs.
Alix de Saint-André, En avant, route !
Danger et sécurité sur le Chemin de Compostelle :
Second point important de cet article : quels sont les réels dangers sur le chemin de Compostelle ? En premier lieu, il faut savoir que les autorités espagnoles sécurisent le camino du mieux qu’elles peuvent (et notamment le Francés qui est de loin le plus fréquenté). De façon générale, le chemin de Compostelle est donc très peu dangereux. Attention cependant, si vous prévoyez de faire le chemin de Compostelle en hiver : veillez à préparer correctement votre aventure, le froid peut être traître !
Bien sûr, comme partout, il faut savoir que le risque zéro n’existe pas, mais pour tout vous dire, j’ai connu bien plus de difficultés dans ma propre ville que sur le camino… Lors de mon premier chemin, mon amie et moi avions fait une mauvaise rencontre à la sortie d’un bois. Nous avions immédiatement reporté l’incident à la police locale. De rares faits existent donc bel et bien, la preuve en est, mais je le redis : le chemin est sûr, ou du moins bien plus sûr que la plupart des endroits que nous avons l’habitude de fréquenter en voyage (villes touristiques, gares routières, rues animées…). De plus, les pèlerins comme les habitants font tous preuve d’une immense bienveillance, et on a toujours l’impression que quelqu’un veille sur nous. Le vrai danger est tout autre : y prendre goût, au point de devoir y retourner au plus vite !
Attention cependant, quelques risques subsistent, et notamment en montagne (en hiver mais aussi durant les autres saisons), mais si vous respectez les consignes élémentaires de sécurité tout se passera pour le mieux. À part cela, seules quelques ampoules ou tendinites tenteront de vous décourager. Afin d’éviter tout problème, mieux vaut choisir vos chaussures de marche avec le plus grand soin. Une dernière chose me vient à l’esprit : je me suis fait attaquer par des chiens errants à plusieurs reprises et dans différents endroits, mon bâton m’a sauvée (mon ami Jim s’est quant à lui fait mordre jusqu’au sang, sur le chemin Portugais). N’oubliez pas d’apporter avec vous un bâton de marche, certains sont télescopiques pour pouvoir être rangés facilement dans le sac, ou au pire trouvez-en un dans la forêt, je vous assure que c’est indispensable !
Être seule sur le Chemin de Compostelle :
Vous êtes une femme seule et vous hésitez à partir sur le chemin de Compostelle ? Voici quelques conseils supplémentaires qui vous rassureront peut-être. Tout d’abord, je vous encourage à identifier clairement vos différentes peurs, avant de les combattre une à une. Ces craintes sont tout à fait normales, (peur de se perdre, peur de ne pas y arriver, peur de se faire mal…), et sachez qu’elles s’atténueront avec le temps. Vous pouvez également jeter un œil au témoignage de Françoise, qui nous livre son retour d’expérience après avoir marché sur la Voie du Puy-en-Velay. Être en situation de handicap sur le chemin de Compostelle n’a pas été un frein à la poursuite de son rêve : son récit de voyage est pour toutes une excellente source d’inspiration !
Par ailleurs, ce que vous ignorez peut-être encore, c’est que tous les pèlerins partent plus ou moins à la même heure le matin : si vous ne souhaitez pas randonner de façon isolée, il vous suffit donc de rester dans le flot ! Évidemment, tout dépend du chemin que vous choisirez d’emprunter, mais si vous partez sur le camino Frances comme la plupart des marcheurs, croyez-moi, il y aura toujours du monde autour de vous.
Certaines femmes seules voyagent en ayant dans leur poche un instrument d’auto-défense (un couteau, un spray lacrymogène…). C’est à mon sens un peu dérisoire, et cela pourrait même risquer d’attirer de nombreux problèmes : la théorie des prophéties auto-réalisatrices, vous connaissez ? Je vous recommande par contre d’avoir dans votre sac à dos le guide du chemin, qui vous indiquera où dormir, où trouver à manger et quelles sont les distances entre les différents villages, afin de parcourir chacune des étapes en toute sécurité et sérénité. Enfin, certains forums sur Internet aident les pèlerins qui veulent partir à plusieurs à trouver des compagnons de voyage. Si tel est votre souhait, n’hésitez pas à jeter un œil aux différentes annonces.
Faire Compostelle quand on est une femme :
Dernière interrogation que je souhaitais traiter dans cet article : partir sur le chemin de Compostelle quand on est femme est-il plus difficile que lorsque l’on est un homme ? Pour être franche, je n’aime pas trop ce genre de questions, qui laisse un peu entendre que nous serions moins capables que nos homologues masculins. J’ai d’ailleurs rédigé sur ce blog un long dossier sur le voyage en solo et au féminin. Cependant, après avoir reçu de nombreux messages à ce sujet, voici mon opinion – cette dernière n’engage que moi.
Le chemin nous traite toutes et tous sur un pied d’égalité : nous avons les mêmes ampoules, les mêmes douleurs, et la même fatigue. Que nous soyons homme ou femme (et jeune ou vieux), nous nous retrouvons tous confrontés aux mêmes difficultés, c’est en tout cas ce que m’ont appris mes deux expériences sur le chemin. Alors, mesdames, prenez confiance en vous ! La clef de la réussite est simple : il suffit d’aller à votre rythme et de ne pas forcer, c’est tout ! Aussi, pour celles qui ne souhaiteraient pas dormir dans des dortoirs mixtes comme on en trouve un peu partout sur le chemin, sachez qu’il existe de nombreuses autres possibilités d’hébergement (dortoirs uniquement pour femmes dans certaines auberges de jeunesse, ou chambres privées en hôtel ou en gîte).
Une petite chose tout de même, car c’est également l’une de vos questions récurrentes : qu’en est-il de la coupe menstruelle ? Je vous en parlais déjà dans mon article sur l’équipement du pèlerin pour Compostelle, et je vous disais que pour ma part, la cup est totalement inadaptée à ce type d’aventure. Dommage, mais c’est comme ça. Pour des raisons pratiques et des questions d’hygiène, je trouve en effet qu’utiliser la coupe menstruelle est très compliqué sur le camino – mais si votre point de vue diffère, je serais heureuse d’avoir un retour de votre part dans les commentaires ci-dessous.
Compostelle en solo, autres ressources :
Avant de conclure, voici différents articles permettant de compléter ce dossier, afin de vous aider à vous préparer au mieux si vous comptez partir seule à Compostelle :
- Tous mes conseils : J’ai regroupé sur une seule page l’intégralité de mes conseils aux voyageurs, que je vous invite à découvrir avant votre départ.
- Allégez votre sac : De même, voici toutes mes astuces pour voyager ultra-léger, ce qui est primordial lorsque l’on part marcher longtemps.
- Première fois : S’il s’agit de votre premier trek, n’hésitez pas à lire mes conseils pour bien préparer une randonnée, cela peut vous être utile !
- Un peu de lecture : J’ai également préparé pour vous une petite sélection de livres sur le chemin de Compostelle, afin de vous plonger dans l’univers du camino dès aujourd’hui.
- L’arrivée à Santiago : J’ai rédigé pour vous un guide complet pour visiter Compostelle (que voir, que faire), afin de faciliter votre découverte de cette ville magique.
- Guide de voyage : Je vous le redis, il est très utile d’apporter avec soi le guide Miam Miam Dodo (le meilleur guide sur le chemin de Compostelle, car il est complet sans pour autant comporter d’informations futiles).
J’espère que cet article vous aura aidé à préparer votre voyage si vous êtes une femme seule, et que vous souhaitez partir marcher sur le chemin de Compostelle. Si vous avez des questions, un retour d’expérience ou des conseils supplémentaires à partager avec nous toutes, n’hésitez pas à laisser un petit message ci-dessous !
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un bon chemin, ou plutôt buen camino !
Bonjour!
Oui il y a des risques sur le camino qui peuvent être évités à condition bien entendu de demeurer vigilant. Ne jamais, par exemple, accepter l’offre d’un inconnu qui vient vous proposer le gîte et le couvert chez lui. C’est élémentaire, mais c’est arrivé à une américaine en 2015. Elle avait fait ce que surtout il ne faut pas faire, même pour un homme d’ailleurs, accepter à l’aveugle. Il y a beaucoup d’albergues sur le chemins, certaines sont indiquées à l’avance sur le parcours, dans les guides. Ne se fier qu’à ce qui est officiel. Quant à la femme en question elle avait été violée et tuée. Son corps avait été retrouvé plusieurs mois plus tard et l’assassin arrêté. Mais en règle générale, oui, le chemin est surveillé, surtout le camino francès. Cordialement.
Franchement n’importe quoi cet article. Dire des femmes qui se prémunissent contre la violence que leurs effort sont « dérisoires » est ridicule et dangereux. Et je dis ça en tant que femme qui a voyagé seule dans 30+ de pays. La violence à l’égard des femmes est systémique et la nier ne nous sert pas. J’ai une amie qui a voyagé des mois seule, qui bivouaquait presque tous les soirs, qui comme vous et comme beaucoup de jeunes se moquait des peurs des autres femmes, et qui un soir s’est réveillée avec un homme qui essayait de la violer. Depuis elle fait de la thérapie pour stress post-traumatique et refuse de voyager. C’est inconscient de décourager les femmes de prendre de simples mesures préventatives comme se prémunir de gas lacrimogène. La réalité est que les hommes sont plus forts et s’ils décident de vous importuner, on ne peut pas faire grand chose. Il faut augmenter les chances de pouvoir se défendre. Voyager seule c’est bien, mais nier que nous vivons dans un monde patriarcale où la violence – y compris sexuelle – contre les femmes est systémique est inconscient, irresponsable et stupide. C’est pas pour rien qu’à travers le monde entier les femmes s’organisent et manifestent contre le fémicide. En plus, ici vous blamez les victimes en disant qu’elles ont attiré à elles ce qui leur est arrivé. En fait c’est tout le contraire. Ce sont souvent les femmes qui ont, par exemple, pris des cours d’auto-defense qui sont plus à l’aise dans leur environnement et justement moins dans la peur et sur la défensive.
*Bonjour*
Au risque de vous déplaire, je maintiens ce que j’ai écrit dans l’article. D’ailleurs, je mentionne bien que le risque zéro n’existe pas, et que j’ai moi-même connu des soucis avec un homme à la sortie d’un bois… L’avez-vous lu en entier ? Je ne blâme personne, je n’incite juste pas à apporter avec soi un spray lacrymo, qui peut vite être retourné contre la victime, et là c’est encore pire. J’ai voyagé seule durant plus de 7 ans, dans 100+ pays, et le lieu le plus sûr fut sans doute le chemin de Compostelle, pour toutes les raisons évoquées dans l’article (j’ai marché 3600km sur le Camino).
Je ne me me moque en aucun cas des peurs des jeunes femmes, au contraire, je reçois énormément de messages de leur part me demandant des conseils, pour sauter le pas et partir sur le Camino. Ce texte n’évoque pas le voyage en solo en dehors du chemin de Compostelle, un sentier sûr, surveillé, et où il est possible de ne jamais marcher seul. Celles qui veulent prendre des cours d’auto-défense le peuvent, je ne vois pas où j’ai dit le contraire ?
Je suis moi-même féministe, engagée, et plus que révoltée contre le patriarcat contre lequel je me bats chaque jour. Je ne comprends pas la portée de votre message, qui aurait pu dire la même chose de façon agréable. Chacune peut avoir son point de vue, cela n’empêche pas de rester respectueuse, et de lire le texte en entier avant de laisser un tel commentaire, car nous disons en somme la même chose : certains hommes sont des sauvages. Et pour info, j’ai connu personnellement plusieurs agressions. Cela dit, sur le chemin, je le répète, les faits de violence sont extrêmement rares comparés aux millions de pèlerins, mais c’est déjà écrit dans l’article.
Bonne journée à vous,
Astrid
Bonjour Astrid. Merci pour ton témoignage. Je suis journaliste et je prépare justement un article sur les femmes seules qui marchent sur le chemin de Compostelle, en partant de ma propre expérience (Paris-Compostelle à pied). Ton histoire est inspirante. Je laisse ici mon commentaire car tu parles de la coupe menstruelle « totalement inadaptée à ce type d’aventure ». Je ne sais pas quelle solution tu as trouvé pendant tes règles sur le chemin ? Moi j’ai pris ma cup malgré les inconvénients et je pense que c’est la solution la plus pratique pour moi : la coupe menstruelle est légère et je ne la sens pas lorsque je marche. Pour la nettoyer, j’ai utilisé de l’huile essentielle de tea tree (difficile de la stériliser dans une casserole devant tout le monde, mais j’aurais pu le faire). Le matin et le soir, j’ai rincé ma coupe menstruelle comme je pouvais dans les toilettes du refuge en prenant une bouteille d’eau avec moi dans la cabine. La journée, je ne vidais pas ma cup dans la nature, je faisais confiance à ma culotte menstruelle pour récolter le sang qui déborderait de ma cup, le cas échéant. Voilà pour mon expérience ! Si tu as d’autres techniques, dis-moi 🙂 Merci pour ton article et bonne continuation. Marie
Bonjour Marie et merci pour ton retour d’expérience, c’est cool d’avoir des avis complémentaires! Pour les règles pendant le camino, je n’ai pas encore trouvé d’alternative écolo à la cup. Elle était inadaptée pour moi car je campais, et entre la marche et le fait de ne pas avoir de sanitaires j’ai trouvé ça assez non-hygiénique et aussi inconfortable. Après, on ne fait pas tous le camino dans les mêmes conditions et comme tu le dis, cela doit sûrement convenir à d’autres! Bonne continuation à toi et au plaisir 🙂
Très interessant. Ca fait des années que j’aimerais faire les chemins de compostelles. Je suis très craintive. Votre article m’aide.
Un grand merci.
Merci pour votre message, je comprends que cette aventure puisse faire peur. Je suis cependant certaine que tout ira bien pour vous si vous vous lancez, alors je me permets de vous souhaiter un buen camino, et plein de belles rencontres en chemin…