Il y a quelques temps, je vous racontais mes premières impressions sur ce nouveau pays que je découvre actuellement, ainsi que son ancienne capitale : Yangon au Myanmar. Depuis, toujours accompagnée de mon équipe franco-suisse, nous avons eu la chance de rouler nos bosses à travers campagne birmane et villes historiques. L’une de nos plus belles étapes fut sans aucun doute une paisible halte, effectuée sur une plage de Birmanie.
C’est à Ngwe Saung que nous avons posé nos sacs à dos, sur un rivage immaculé où tels les princes du désert nous avons lézardé quelques jours, sans d’autres ombres que celles des cocotiers…
Une arrivée chaotique à Ngwe Saung beach :
C’est un jeune Belge, expatrié au Myanmar depuis quatre ans, qui nous dépose gentiment à Ngwe Saung après un long voyage en auto-stop. Alex, si tu lis cette article, nous te remercions et t’adressons toute notre amitié ! Nous arrivons aux abords de la plage en début de nuit, et sommes un peu éblouis par le nombre d’hôtels de luxe environnants. Sûrs de nous, nous foulons le banc de sable, à la recherche de quelques arbres où installer nos hamacs. Après seulement quelques minutes, le gardien d’un resort nous raccompagne gentiment à la sortie de sa plage privée. Nous comprenons alors rapidement que trouver un endroit où dormir sur cette plage ne sera pas une mince affaire.
Fatigués mais sans plan de secours, nous entreprenons de marcher le long de la côte, jusqu’à ce que la zone touristique se termine. Après un bon bout de chemin, nous remarquons un temple bouddhiste et décidons de tenter notre chance. Un homme qui passe alors par là nous aide à communiquer en anglais avec les hôtes des lieux, et quelques minutes plus tard les moines nous accueillent comme des rois.
Allongés sur trois couvertures, sous une moustiquaire rose et surtout sous le regard bienveillant de Bouddha, nous nous écroulons sur nos couchettes de fortune et rejoignons avec hâte les bras de Morphée. Le lendemain, c’est toute la communauté locale qui nous convie à un petit-déjeuner de fête : nous n’aurions finalement pu rêver mieux.
La découverte de l’Éden :
Comme nous ne pouvons pas élire domicile au sein du temple, nous sommes bien contraints de quitter les lieux aux aurores. Le plan ? Avancer tout droit, jusqu’à ce que nous ayons le sentiment d’être seuls au monde. Sous un soleil peu conciliant, nous remontons pas à pas vers le Nord, avides de sortir des sentiers battus. Soudain, comme pour nous récompenser après cette marche éprouvante, nous poussons les portes du jardin des délices.
Sur plusieurs kilomètres, des milliers de pagures constituent notre seule compagnie. Protégés par cette puissante armée de bernard-l’hermite, nous enfonçons lourdement nos pas dans le sable, à la recherche du trio parfait de cocotiers : il nous faut en effet calculer la bonne distance entre chaque arbre, pour pouvoir suspendre nos hamacs.
Après de fructueuses recherches, José revient de son repérage en éclaireur avec un grand sourire : il nous a dégoté une véritable réplique du jardin d’Éden. Au loin, une ancienne cabane de pêcheurs nous fait effectivement de l’œil. Ni une, ni deux, nous fonçons sur place et installons nos filets entre de frêles poteaux. Après une douche rapide dans l’eau de mer, nous remarquons qu’un homme semble toutefois habiter dans les environs. Nous nous présentons alors à lui, et lui demandons sa bénédiction. Ce dernier, étonné, nous donne sans hésiter son approbation, et nous permet gentiment de camper sous ce petit toit en feuilles de bananiers.
La plus incroyable plage de Birmanie?
À partir de cet instant, nous touchons du doigt le Paradis : l’homme en question, qui ne tarit pas d’idées, nous couvre de petites attentions. Il nous apporte nonchalamment trois chaises, un hamac pour notre ami Suisse, puis nous réveille en pleine sieste pour un évènement particulier. En effet, un gosse s’est mis en tête de grimper en haut d’un arbre, afin de cueillir pour nous quelques noix de coco. En quelques secondes, ce jeune va-nu-pieds s’envole à plus de quinze mètres d’altitude, à la seule force des muscles. Son pagne retroussé en les jambes laisse deviner les formes saillantes de ses cuisses, qui se gonflent au contact de l’écorce.
Nous sommes ébahis, et profondément inquiets : ce gamin risque de se tuer dans l’unique but de nous faire plaisir. Ouf ! Il redescend sain et sauf du second cocotier, et nous offre le fruit de sa cueillette : cinq noix de coco juteuses à souhait. L’homme nous les ouvre ensuite à l’aide d’une machette, et nous savourons, heureux, la primeur de cette boisson littéralement tombée du ciel.
Plus tard, juste avant le crépuscule, je m’offre le luxe d’une longue promenade sur la rive. Cette plage déserte me rappelle avec joie ma récente aventure à Phuket, lors de mon voyage alternatif en Thaïlande. Seule, j’ose abandonner mon t-shirt au profit d’un maillot de bain plus seyant. Le soleil rougit tandis que le vent se lève, et enveloppée par la fraîcheur nocturne je rejoins alors mes compères pour dîner au clair de lune.
Avec Marc, nous jouons ensuite du pouce pour rejoindre la plus proche échoppe, où nous achetons de quoi nous rassasier ainsi que quelques bières. De retour au campement, après avoir avalé nos bols de riz, nous nous apprêtons à prendre congé de la journée : la slow life par excellence. Terminant nos mousses dans nos hamacs, nous sommes soudain perturbés en pleine félicité par de bruyants moteurs.
Le sauvetage policier in-extremis :
Ce que nous ne savons pas encore, inconscients que nous sommes, c’est qu’un grand danger nous guette insidieusement. Fort heureusement, une entière brigade de la police touristique vient d’être anonymement prévenue de notre présence sur la plage.
En héros, la troupe d’hommes en uniformes nous annonce vaillamment qu’elle est venue à notre rescousse : de vagues éléphants sauvages risqueraient de s’en prendre à nos vies. Les gaillards n’y vont pas de main morte, et nous conduisent illico dans la guest house la plus proche.
Le camping est considéré comme un sport sain pour les boy-scouts mais comme un crime quand il est pratiqué par des adultes qui en ont fait leur vocation.
Jack Kerouac, Le vagabond américain en voie de disparition
Bref, à Ngwe Saung beach, on ne badine pas avec la manne financière touristique.
Pas de chance pour nous, c’est cette même unité de police qui nous avait déjà repérés auparavant, lorsque nous faisions du stop vers Pathein. Contraints de nous délester de quelques kyats pour payer une auberge, nous profitons de cette nuit plus confortable que prévue pour laver nos affaires : nous n’aurons pas tout perdu !
Plages en Birmanie & camping sauvage :
Ngwe Saung n’est pas la seule plage de Birmanie, loin de là. Il s’agit toutefois d’une destination intéressante pour les backpackers car les prix (hors hôtels de luxe) sont tout à fait abordables. À deux pas, la plage de Chaungtha est également digne d’intérêt, bien que ces deux localités soient à six heures de bus de Yangon. Plus au Nord, Ngapali (une autre plage splendide) attire l’attention des visiteurs aux budgets plus confortables.
Par ailleurs, sur n’importe quelle plage de Birmanie (comme dans le reste du pays), il est interdit de faire du camping sauvage. De même, c’est illégal de dormir chez l’habitant. Nous avons pourtant réussi à dormir dehors un peu partout à travers le Myanmar, et avons également été hébergés chez deux familles dans des petits villages (entre Mandalay et le lac Inle). Il nous aura fallu être discrets et prêts à plier bagages en cas de problème. Lors d’un éventuel contrôle, mieux vaut être conciliant et affirmer d’un air penaud ne pas connaître la loi.
Quant aux éléphants sauvages, il existe effectivement quelques rares cas d’accidents. Je persiste pourtant à penser que traverser à pied certains carrefours birmans se révèle être bien plus dangereux…
Le lendemain, plus que grillés dans la région, nous décidons de modifier nos plans et repartons en direction de Naypyidaw, l’étrange capitale fantôme du Myanmar…
Pour poursuivre l’aventure à mes côtés, je vous invite à retrouver mes articles dédiés à mon voyage au Myanmar (notamment ma visite de Bagan, et les 10 règles d’or pour voyager en auto-stop au Myanmar), ainsi que mes autres récits de voyage et l’intégralité des textes écrits durant mon tour du monde.
Et vous, avez-vous des bons plans à recommander concernant une plage de Birmanie en particulier ? N’hésitez pas à partager cela avec nous dans les commentaires !
séquence délicieuse et mouvementée
bravo pour la splendide photo des bernards sur la plage
vivement Naypyidaw, pour voir …
grosses bises
Merci! Hé bien ça y est, Naypyidaw est en ligne 🙂 Gros bisous
Pas de chance pour cette brigade de police touristique… Par contre, quel bonheur pour les yeux!
Pas de chance non! Mais bon, nous en avons bien profité quand même!
Quel bol d’air frais ce texte !!! Merci
Merci^^