J’ai eu la chance de faire quelques sessions d’exploration rurale et urbaine avec Maryse, une amie que j’ai hébergée en Grèce durant mon long séjour à Kalamata. L’occasion pour moi d’échanger plus longuement sur sa passion pour la photographie et la découverte de lieux abandonnés. Elle a accepté de nous en dire plus sur le RUREX, loisir qu’elle pratique depuis longtemps en milieu rural…
Bonjour Maryse! Peux-tu te présenter en quelques mots?
En quelques mots : j’ai 49 ans et j’habite dans les Pays de La Loire. J’ai eu des emplois divers et variés, actuellement je suis intérimaire dans le secteur automobile. Une de mes plus anciennes passions est la photographie. Je suis quelqu’un de curieux qui aime avoir des émotions et des sensations.
J’ai toujours été attirée par les vieilles maisons. Au hasard de promenades, je visitais les ruines que je croisais. Et il y a quelques années, j’ai pris connaissance d’une pratique qui s’appelle l’URBEX. C’est à partir de là qu’ont commencé mes recherches de spots via internet, puis les premières explorations.
On entend beaucoup parler d’URBEX (exploration urbaine), mais peu de RUREX (exploration rurale). Qu’est ce qui te pousse à pratiquer cette passion dans un environnement plus reculé?
Le mot URBEX est un acronyme (URBan EXploration) qui regroupe plusieurs styles d’explorations dont le RUREX qui se pratique en milieu rural. Mais un urbexeur fera obligatoirement de l’exploration rurale dès lors qu’il visite un spot en campagne comme un château. Personnellement, je n’aime pas les petites cases où l’on range chaque chose, chaque style, donc je pratique l’URBEX tout simplement.
Contrairement aux grandes villes, quels types de lieux abandonnés as-tu l’occasion d’explorer en milieu rural?
Je ne fais quasiment jamais d’exploration en ville. Les spots urbains sont généralement très dégradés voire squattés. En exploration rurale, bien sûr, il y a beaucoup de fermes mais également de nombreux châteaux ou belles demeures. Évidemment, bien peu de squatteurs à la campagne mais d’autres personnages, tels les chasseurs!!!
Qu’est ce qui te plaît dans l’exploration rurale ?
Dans la pratique de l’exploration rurale, je trouve de l’intérêt ou du plaisir à chacune des étapes. Même si les recherches sont fastidieuses parfois, elles apprennent énormément que ce soit en histoire ou en géographie. Ensuite l’infiltration sur les lieux apporte son lot de sensations fortes. Après vient le moment de la découverte du spot, avec ses surprises et ses déconvenues. La prise de photos est le plus compliqué pour moi, tant l’envie de bien faire est forte. Pour résumer, le RUREX est une parenthèse dans ma routine, cette pratique m’apporte la dose de sensations et d’émotions dont j’ai besoin.
Quel lieu t’a le plus marquée et pourquoi?
Le lieu qui m’a le plus marquée est un orphelinat. Un bâtiment immense, avec un historique où l’enfance est présente, ce genre d’endroits que l’on explore en pensant forcément aux gamins qui y ont ri, pleuré, joué, grandi. Ce spot-là, oui, est très marquant, mais chaque endroit visité a son histoire connue ou imaginée. Je pense me rappeler de chacun d’entre eux, soit par son bâti, son histoire ou encore un objet vu sur place.
As-tu une anecdote particulière à partager avec nous?
Je n’ai pas forcément d’anecdote, d’histoire drôle ou décalée. Bien sûr, il y a eu un ou deux spots où l’on nous a fait partir plus ou moins gentiment. Mais un fait se répète assez souvent, et je pense que c’est le cas pour pas mal d’urbexeurs : trouver une entrée un peu sportive ou alors un mur de ronces à traverser, et en repartant s’apercevoir qu’une vraie entrée toute belle et toute propre existait!
Quel matériel apportes-tu généralement avec toi?
Je pars toujours faire du RUREX avec mon sac à dos et de bonnes chaussures, les tongs sont à éviter n’est-ce pas Astrid! Bien sûr je prends mon reflex Canon avec une batterie supplémentaire, un trépied, plusieurs lampes, mon téléphone chargé, une petite boîte de secours, une bouteille d’eau et mon couteau suisse. J’emmène également notre ami José, et oui auparavant je pratiquais seule l’exploration rurale, ce qui n’est pas vraiment conseillé!
Échanger les adresses des lieux avec d’autres, ou les conserver secrètes : quel est ton point de vue?
Tous ceux qui s’aventurent dans le monde de l’URBEX se trouveront confrontés à un moment ou à un autre au fait d’échanger ou pas des localisations. La recherche de spots fait partie de la pratique, c’est une de ses étapes et pas la moindre.
Bien sûr certains aimeraient éviter cette étape fastidieuse, ils donc font appel à d’autres qui ont été sur les lieux qu’ils veulent explorer et demandent les localisations. Mais dans ce monde fermé, ça ne fonctionne pas comme ça. En fait, j’ai le sentiment qu’il faut d’abord faire ses preuves (c’est à dire : trouver, explorer, publier) pour avoir une certaine « légitimité ». Ensuite, certains rapprochements se font avec d’autres urbexeurs plus expérimentés. De ces liens qui se tissent lentement, il y aura peut-être des indices donnés pour trouver, mais pas de coordonnées précises, cela peut venir mais avec le temps et la confiance.
Il faut bien comprendre que donner une localisation, c’est un peu comme donner les clés de la maison, il faut savoir à qui on les remet : urbexeur, pilleur, casseur… De plus ces derniers mois, beaucoup de reportages (TV, presse écrite) ont fait connaître l’URBEX au grand public, et ont donc amené pas mal de monde à s’essayer à cette pratique. Mais un certain nombre n’a rien compris à ce qu’est l’exploration urbaine : on entre, mais on ne laisse que la trace de ses pas dans la poussière, pas de vol, pas de dégradations.
Certains spots ont été « massacrés » en très peu de temps. Il y a aussi la sécurité qui n’est pas prise en compte, cette année deux jeunes sont ainsi décédés en France. Alors l’URBEX doit-il rester une pratique où le secret règne, dans notre société de communication à tout va? Ce n’est guère possible. Je pense que chaque urbexeur fait ses propres choix en matière d’échange, le principal étant de le faire en connaissance de cause.
Existe-t-il des explorateurs dont tu apprécies particulièrement le travail et pourquoi?
Évidemment, je suis pas mal de groupes ou de personnes via internet. Certains publient des images que j’aimerais avoir prises, car je dois l’avouer j’ai beaucoup de lacunes en photo! Le travail de certains me plait particulièrement, par exemple David De Rueda fait des reportages pro que j’aime beaucoup.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait débuter?
Il m’arrive de parler avec des personnes qui se lancent dans l’exploration rurale, et j’essaye toujours de faire passer un message assez simple et qui devrait parler aux urbexeurs : je les mets toujours en garde sur les dangers que peut représenter cette pratique, et je leur explique aussi qu’il s’agit de découvrir un site et de faire des photos (donc pas de vol, casse ou autre effraction). Tous ces lieux appartiennent forcément à quelqu’un, on se doit de les respecter pour leurs histoires passées.
Un dernier mot pour terminer cette interview?
Pour conclure cette discussion, je dirais que l’exploration rurale est un plaisir renouvelé à chaque sortie. Et ce mot plaisir est vraiment mon mot d’ordre. Si tu ne pratiques pas avec cette idée, et bien laisse tomber. Le RUREX est ma façon de voyager avant, pendant et après chaque session.
Juste pour finir, je tiens à remercier mes excellents coéquipiers : José (Macadam Pixels), Mathieu (Utopies Temporelles), Paul (Urbex Watch) et tous ceux qui suivent mes aventures. Bien sûr un grand merci à toi Astrid pour m’avoir permis de parler de cette passion.
Aller plus loin :
Pour en savoir plus sur l’exploration rurale et l’URBEX en général, je vous invite à lire les articles suivants :
- L’URBEX c’est quoi ?
- Ma sélection des meilleurs livres sur l’URBEX ;
- L’intégralité de mes sessions d’exploration urbaine ;
- Comment faire du light painting, Maryse revient sur le blog et nous donne ses meilleurs conseils ;
- Et pour ceux qui désireraient découvrir quelques sites explorés en compagnie de Maryse, en voici certains, dont cette usine abandonnée en Grèce, ce château abandonné avec un squelette, et ce village fantôme.
Par ailleurs, n’hésitez pas à jeter un œil à l’excellent travail de Maryse, directement sur sa page Facebook!
J’en profite pour adresser un grand merci à Maryse pour cette jolie interview, et pour les bons souvenirs d’explorations que j’ai en sa compagnie!
Et vous, faire du RUREX, pratiquer l’exploration rurale, ça vous tenterait…?
hello je démarre les rurex et j’adoooooore !
je suis sur : histoirepatrimoinesaix86 ou hashtag saix86
a bientot pour échanger
j’aurais certainement quelques sites à te présenter dans ma Sologne profonde lors de ton retour
ils datent du début du siècle dernier
bisous
Salut Papi, OK super, on ira faire quelques photos sur place! Gros bisous
J’apprends de nouveaux mots tous les jours ahah! Mais je suis d’accord avec Maryse, je n’aime pas mettre des petites cases 🙂 en tout cas les photos sont super !
Elle a toujours raison Maryse! (Et merci pour le compliment sur les photos^^)
Ah ben voilà j’ai fait du rurex en Estonie. Il y avait une vieille base militaire russe désafectée en plein dans le parc national de Lahemaa. J’avoue que c’est excitant de visiter ce genre d’endroit, empli d’histoire en plus. J’étais avec un guide et c’était vraiment un beau moment ponctué d’anecdotes de son enfance pendant la guerre froide.
Cool, ça devait être sympa comme visite 🙂