Ça y est. Nous sommes partis vers l’Est. Récemment installés dans notre coloc’ mobile, soit un Transporter T4 de chez Volkswagen, José et moi avons pris la route, celle censée nous mener vers l’inconnu. Nos premiers kilomètres sont sinueux : nous franchissons une partie du Jura et des Alpes, dans notre petit van qui a bien du mal à monter les côtes. Pourtant, le moral comme le soleil sont au beau fixe. Nous voici partis visiter la Suisse, à la découverte d’un pays discret qui n’aura eu de cesse de nous dérouter…
Il fait déjà nuit lorsque nous arrivons à Genève. Pourtant, la ville est loin d’être sombre : les enseignes lumineuses des boutiques inabordables font rayonner la belle d’un luxueux halo. Garer le van entre ces écriteaux couronnés n’est pas une mince affaire : nous sentons les touristes fauchés à plein nez et passer inaperçus relève de l’exploit. C’est au bord du lac Léman que nous finissons par trouver notre bonheur : la vue est imprenable, au diable les regards condescendants! La nuit est fraîche et au réveil, une fine pellicule de glace s’est formée sur les vitres du véhicule : visiter la Suisse en hiver, c’est déjà prometteur! Ce n’est pas dehors mais bien à l’intérieur que nous devons gratter le parebrise, un peu anxieux quant à la suite de ce voyage par grand froid.
Le vrai voyage, c’est d’y aller. Une fois arrivé, le voyage est fini. Aujourd’hui les gens commencent par la fin.
Hugo Verlomme
Toutefois, nous avons décidé de vivre au jour le jour et comme ce soir, nous dormirons au chaud, nous remettons notre inquiétude au lendemain. En effet, nous avons la chance – que dis-je, l’honneur! – d’être invités par Corinne, à déjeuner chez son ami Vincent. Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle est l’auteure du blog Vie Nomade, l’un des rares blogs que je suis régulièrement, et dont j’admire sincèrement la plume. Sa gentillesse est à la hauteur de la sympathie dont témoignent ses écrits, et c’est très touchée que j’ai la joie de partager quelques heures de sa vie nomade. Vincent nous propose de rester dormir chez lui, nous évitant ainsi de retourner dans notre congélateur roulant avant demain. Tous les quatre, nous passons une excellente soirée pleine de récits de voyage, tous plus fous les uns que les autres. Merci à eux pour ces précieux souvenirs, et soyez toujours les bienvenus dans le van!
Le hasard faisant bien les choses, de nouveaux amis nous attendent le lendemain, à Lausanne. Nous avons la chance d’être accueillis par Sarah, du blog l’Aventurière Fauchée ainsi que par Sylvain, son compagnon. Nouvelle dans la blogosphère, elle est pourtant une excellente source d’inspiration. Ainsi, elle récemment relevé brillamment le défi de se rendre au Cap Nord sans argent depuis Lausanne : une voyageuse avec qui j’ai donc une affinité toute particulière, et à qui je voue beaucoup d’admiration. Humble et drôle, elle nous reçoit comme des rois et se coupe en quatre pour que visiter la Suisse rime avec bonheur, ou plutôt délice. Son papa nous fait l’honneur de nous recevoir chez lui, et nous prépare une délicieuse fondue. Loin de Genève et de ses fastueux excès, nous sommes heureux de découvrir le visage d’une Suisse plus humaine, et porteuse de valeurs qui nous sont proches. C’est émus par cette belle rencontre que nous nous apprêtons ensuite à faire la plus belle séance de luge de notre vie! Il faut dire, José et moi avons dû en faire deux fois en vingt ans… Et d’ailleurs, il ne s’agit pas de luge comme nous le rappelle techniquement Sarah, mais de bob et d’assiette. Ici, on ne rigole pas avec ce qui glisse! Comme de grands enfants, nous dévalons et dévalons encore cette belle pente qui s’offre à nous, et ne voyons pas les heures passer. Sarah nous offre également la possibilité de visiter Vevey, la charmante ville où elle a grandi, située elle aussi au bord du lac Léman. Comme un peu partout en Suisse, Vevey porte son lot de mystères : une gigantesque fourchette se dresse fièrement au beau milieu du lac. Elle aurait été plantée là pour fêter les dix ans de l’Alimentarium (musée de l’alimentation), allez savoir pourquoi… Nous restons finalement deux nuits chez elle et Sylvain, qui deviennent très vite des amis que nous sommes fiers de compter parmi nos proches. Merci à eux pour ces formidables moments, et bonne chance pour tous vos nouveaux projets!
Sur leurs recommandations, nous prenons ensuite la route en direction du canton du Valais. Nous découvrons alors une Suisse plus profonde, dont l’Ouest est francophone, tandis que l’Est est germanophone. C’est pour moi l’opportunité de me remémorer mes anciens cours d’allemand, cachés soigneusement tout au fond de ma mémoire.
Martigny, Sion, Brig : nous avançons dans la vallée du Rhône à pas de loup. Nous ne manquons pas passer une nuit près du sentier sous le Scex, avant de pousser jusqu’à Leytron. Et moi qui pensait qu’il n’y avait qu’au Québec qu’on rencontrait ce genre de facéties… Nous tentons désespérément de contourner le massif des Alpes par le Sud, mais nous nous retrouvons bloqués à Furka. C’est cela visiter la Suisse en hiver, les routes franchissant les cols sont fermées, et il faut charger les véhicules sur des trains pour pouvoir traverser le pays. Le ticket n’étant pas donné – nous sommes dans un paradis fiscal, ne l’oublions pas! – nous sommes contraints de revenir sur nos pas. Le Valais et ses nombreuses vignes n’étant pas dénués de charme, nous apprécions tout de même le détour, et en profitons pour nous perdre dans quelques villages médiévaux qui nous avaient échappés à l’aller.
Nous sommes surpris à plusieurs reprises par la neige, qui s’amoncèle sur les hauteurs escarpées. À Ovronnaz, nous regrettons presque d’avoir omis d’emporter des chaînes pour les pneus. Fort heureusement, la plupart des routes sont tout de même praticables sans équipement particulier. Visiter la Suisse nous semblait être une formalité de passage mais finalement, nous allons de surprises en surprises : nous avons la chance de nous rendre par hasard à Château d’Oex, le jour de la fête internationale de la montgolfière. Après une soirée digne d’un vrai samedi à la montagne, nous assistons le dimanche à une incroyable démonstration de ballons en tous genres, mais également de voltige de parapentes. Clou du spectacle : un petit avion piloté plus qu’habilement enchaîne loopings et figures acrobatiques, devant nos yeux béas. Une preuve de plus que sortir des sentiers battus nous offre souvent nos meilleurs souvenirs de voyage.
Cet itinéraire illogique nous mène à Gruyères où, outre une agréable dégustation de fromage, nous découvrons quelques merveilles architecturales, dont le château et l’église Saint Théodule. La grande ville la plus proche n’est autre que Fribourg, qui nous ouvre ses portes le temps d’une nuit. Une courte nuit. Garés à l’orée de la forêt, nous sommes réveillés à six heures du matin par la police locale, qui nous suspecte de nous livrer à je-ne-sais-quelle activité louche. Outrepassant les règles internationales de politesse, c’est en triturant les serrures du véhicules que cette dernière nous sort d’un trait de notre sommeil. Je pousse alors un cri que José n’est pas près d’oublier, situé au croisement de l’oursonne apeurée et du hurlement du désespoir, avant d’entendre un rassurant – mais non moins désagréable – Polizei!!! Plus de peur que de mal, il ne nous reste plus qu’à présenter ausweis et patte blanche, avant de nous rendormir tant bien que mal.
À Neuchâtel, nous en prenons plein les yeux. Située sur le lac qui porte le même nom, cette jolie bourgade vallonnée se révèle être une très belle surprise. Nous déambulons de monuments historiques en agréables petites places avant de continuer à visiter la Suisse en nous rendant dans sa remarquable capitale.
Sur la route de Berne, à force de patience et d’efforts, nous réussissons enfin à faire un peu de glanage alimentaire à l’arrière d’un supermarché. La plupart des poubelles étant cadenassées ou fermées dans des locaux, il nous aura fallu plus d’une trentaine de tentatives avant de faire mouche. Le niveau de vie est particulièrement élevé dans ce pays : comptez 8€ pour la pizza la moins fournie du monde, et 4€ pour un tube de Cenovis, une sorte de pâte à base de levure de bière, dont l’attrait suisse pour cette saveur hors du commun m’échappe encore. Visiter la Suisse, ça peut coûter une blinde!!! Nous avons donc bien fait d’emporter avec nous quelques provisions (d’ailleurs, merci Maman pour ces pique-niques faits maison cinq étoiles!). Cuisiner dans le van étant relativement limité, nous commencions à épuiser sérieusement notre stock de semoule, et nos quelques trouvailles fraîchement glanées mettent un peu de beurre dans nos épinards.
C’est donc repus, mais plus très propres, que nous arrivons à Berne. Après une longue virée à la recherche d’un parking gratuit, nous abandonnons le van quelques heures, en quête d’un lieu où nous laver. En plein cœur du jardin botanique, nous investissons donc les toilettes publiques. Vaisselle, douche, lessive : nous tentons d’être aussi rapides que possible étant donné que l’endroit est assez fréquenté. Cela fait partie des joies de la vie dans un van, qui sont à prendre avec humour! Une fois la séance nettoyage terminée, nous profitons enfin de la capitale, et nous extasions devant chaque nouvelle fontaine, un peu comme s’il s’agissait d’une chasse aux trésors.
Demain, nous serons hébergés par Salome, une jeune Couchsurfer que j’ai accueillie dans mon van, durant mon voyage au Royaume-Uni. Nous nous rendrons ensuite au Sud de l’Allemagne, puis à Zürich ainsi qu’à Saint-Gall, avant d’aller voir à quoi peut bien ressembler ce mystérieux pays appelé Liechtenstein.
D’ailleurs, si vous êtes actuellement en train de visiter la Suisse ou ce coin de l’Europe, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons heureux de partager quelques instants avec vous!
Enfin, le récit de notre voyage au Liechtenstein arrivera très vite, d’ici vous pouvez regarder mes photos de Suisse! Et pour aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver l’ensemble de mes articles sur la vie et le voyage en camion aménagé!
Je découvre ton blog à peine trop tard pour t’héberger quelque part dans mon Valais natal.
Je me perds, au hasard, dans tes mots, et je m’en délecte. Tu me fais pleurer, parfois. Tu me fais rêver, beaucoup. Tu m’inspires, surtout.
Merci.
Haaaaaa c’est dommage!!! Je suis toujours très heureuse de rencontrer du monde sur ma route! Qui sait, peut-être à mon retour? 🙂 Merci pour tes gentils mots en tout cas, ils me vont droit au coeur… Au plaisir de te croiser un de ces jours, et d’ici là, bon vent à toi!
Hey !
En tant que Suissesse d’adoption, je suis très contente de lire cet article B-) Il est temps que les gens s’intéressent de plus près à ce pays qui n’a rien à voir avec ses clichés. J’ai grandi près de Bâle, et je vous conseille vraiment d’y passer un jour maintenant que vous avez vu le reste de la Suisse. La ville possède une ambiance totalement différente, un peu alternative, même si elle commence à dangereusement se peupler d’Hipster en mal de reconnaissance.
C’est vrai que c’est un beau pays! C’est noté pour Bâle, qui sait, sur la route du retour? 🙂
C’est vrai que la Suisse est surprenante… elle dépayse un max
merci pour cet article savoureux et pour les belles photos
(je vois que la casquette a pris du service…)
bonne continuation et grosses bises
Merci! Gros gros bisous 🙂
1. Le cénovis…. c’est dégueulaaaasse!
2. Désolée pour notre charmante police, d’habitude ils sont polis! 🙂
3. Les ballons de Château d’Oex c’est quelque chose en effet! Une chance!
4. Un plaisir de vous avoir reçus 🙂
5. À bientôt et bonne route!
Encore merci pour ces supers moments… Bon vent à toi, et au plaisir de te recroiser je ne sais où 🙂
Haha j’aurais accepté l’histoire de la luge pour l’article 🙂
Merci pour ce gentil paragraphe sur nous, en espérant vous revoir cette année les amis <3
On a déjà évité de justesse l’incident diplomatique avec la fondue chez ton Papa, alors dans le doute, je n’ai pas voulu prendre de nouveau risque!!! 🙂 On espère aussi vous recroiser, c’est quand vous voulez! D’ici là, gros gros bisous 🙂
Une jolie aventure non dénuée d’humour et de belles surprises. J’ai eu la chance de rencontrer Sarah à Marseille et je peux dire sans hésiter que je rejoins totalement ton point de vue sur elle 😉
Ah ! Comme j’ai hâte de sortir mon blog… Ça n’en finit plus cette histoire. Raison pour laquelle je lis beaucoup (tes articles et d’autres, de valeur à mes yeux) mais je commente peu (blogspot, moyen, comme plateforme… Un bon début mais bon). Cela me fera grand plaisir de te suivre et de commenter tes articles pleins de fraîcheur (au sens propre comme au figuré d’ailleurs cette fois – enfin « propre », pas tout le temps, les aléas de la route nomade nous rappelles-tu non sans humour – toujours ^^)
Au plaisir de te lire, de te rencontrer un jour qui sait, et merci pour ton partage.
Salut Annajo! Merci pour tes gentils mots 🙂 Oui c’est vrai qu’elle est cool Sarah!!! Qui sait, à l’occasion, on pourrait même s’organiser une petite sortie toutes les trois, ça pourrait être super! En tout cas sache que je suis toujours heureuse de rencontrer d’autres voyageurs, donc si jamais un jour nos routes se croisent, pas de souci pour partager ensemble quelques instants nomades! D’ici là, je te souhaite plein de nouveaux « rêves d’ailleurs » 🙂 Bises d’Autriche!
Encore un joli périple, avec pour moi des souvenirs qui remontent car j’ai vécu un petit moment chez nos « amis » helvètes. J’ai sans doute l’explication pour la fourchette géante de Vevey. C’est dans cette ville que se trouve le siège de Nestlé et également où cette multinationale est née. Sinon que dire, et bien oui la Suisse était déjà, il y a plus de vingt ans, un pays plein de contraste avec des paysages magnifiques. Bises Astrid et à très bientôt.
Coucou Maryse! Merci pour ton message, et merci de suivre notre voyage de près 🙂 Au plaisir de te rencontrer à notre retour, et d’ici là, bises de nous deux!