Arrivée au camp
Je suis arrivée au camp d’Auschwitz-Birkenau, situé à environ soixante kilomètres à l’ouest de Cracovie, un jour froid du mois d’octobre, pendant la Toussaint. Le sol était jonché de feuilles mortes, et de gros corbeaux noirs me volaient partout au dessus de la tête…
Je n’étais pas la seule à entreprendre la visite du plus grand camp de concentration et d’extermination du troisième Reich : de nombreux touristes se jetaient sur les audio-guides postés à l’entrée (le site reçoit un million de visiteurs par an).
J’ai franchi les premières barrières, puis me suis retrouvée devant la grille qui aura été pour plus d’un million de déportés une porte sans retour, marquée du tristement célèbre « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Un musée à la mémoire des déportés
Créé le 27 avril 1940, sous la direction d’Heinrich Himmler, le camp était divisé en blocks, de grands bâtiments construits en briques rouges, où étaient entassés les détenus durant leurs courts moments de répit. En effet, le travail forcé ne laissait guère de temps pour le repos.
Chaque block retrace aujourd’hui l’histoire d’Auschwitz à travers une thématique précise, comme les conditions de vie des prisonniers, la torture, ou des expositions nationales réalisées par les pays d’où de nombreux juifs ont été déportés, notamment la France (block 20).
J’ai visité les blocks les uns après les autres, tout en essayant d’imaginer l’inimaginable.
A l’intérieur des blocks, les couloirs étaient recouverts de portraits de détenus, en tenues rayées, tous ayant pris la même pause. Seuls leurs regards différaient, certains semblaient avoir encore l’innocence et l’espoir des premiers jours au camp, d’autres avaient le visage tiré et les yeux vides, comme s’ils avaient déjà compris ce que le destin leur réservait.
A l’intérieur du block relatant l’histoire des déportés des Pays-Bas, une pièce était recouverte de quinze grands panneaux d’un mètre sur deux environ, où étaient inscrits les noms de tous les disparus hollandais, en petits caractères.
Les chambres à gaz et le crématorium
La journée s’est terminée bien tristement, par la visite d’une chambre à gaz où périrent plusieurs milliers de déportés. La pièce était sombre, et quelques fleurs ornaient le sol en mémoire des disparus. La pièce voisine n’était autre que le crématorium, où à l’époque quatre fours immenses fonctionnèrent sans cesse, laissant échapper par la grande cheminée les âmes des défunts.
Et après?
Lors de la libération du camp le 27 janvier 1945 par l’armée soviétique, les alliés découvrirent toutes les richesses que les nazis avaient voulu conserver. Ces objets sont aujourd’hui exposés. Voir s’entasser ainsi des montagnes de chaussures, de valises, de gamelles, a donné à l’horreur vécue par plus d’un million de personnes une toute autre mesure, qui ne se comptait plus en nombre, trop abstrait, mais en volume, en bâtiments…
Nous connaissons tous la tragédie de la Shoah, l’avons apprise à l’école, ou avons entendu les anciens nous en parler. Visiter le camp d’Auschwitz de mes propres yeux m’aura apporté une toute autre dimension de ce génocide, peut-être en me rendant plus proches des déportés, le temps d’une journée.
Si vous projetez de vous rendre à Auschwitz depuis Cracovie, il est préférable de venir tôt à la gare routière (située juste derrière la gare ferroviaire). En effet, les bus sont plutôt petits, et il y a parfois de nombreuses personnes désireuses d’effectuer le même trajet.
Si c’est le cas, prenez votre mal en patience, et sachez qu’il est possible de voyager debout dans le bus si ce dernier est complet. Le trajet ne coûte que quelques euros.
Enfin, vous pouvez aussi emprunter le train, même si vous devrez marcher un peu à l’arrivée, contrairement au bus qui vous déposera directement devant l’entrée du camp.
Un plaisir de lire des articles de blog qui vous replonge dans une expérience vécue quelques mois auparavant 🙂
Une période plutôt sombre pour toute l’humanité. Une chose est de l’apprendre en classe ; mais c’est une toute autre chose que de le vivre. il est vrai que je n’ai pas encore fait la visite du camp mais cela ne saurait tarder. Une forte belle manière de garder l’histoire de l’Allemagne, du monde et de l’humanité pour la postérité. Forte pensée pour tous les disparus, surtout les juifs qui ont tant souffert de la cruauté humaine.
Très édifiant.
Merci pour votre message.
Super article. J’ai eu la chance de me rendre en Pologne cette année et de visiter Auschwitz et Birkenau, c’est vraiment quelque chose d’incroyable et de déroutant. La visite vaut vraiment le coup mais mieux vaut s’accrocher.
Une façon de ne pas oublier notre Histoire et d’avoir une pensée pour tous ces disparus…