Habituellement, je réfléchis longuement au contenu d’un article avant de le mettre en ligne. Je cherche les mots adéquats, construis ma pensée, et je lis et relis mon texte de longues minutes avant de cliquer sur « publier ». Cette fois, c’est différent. J’ai juste envie de dire merci. Merci Arisa, et merci à sa famille : merci pour tout…
Je suis très souvent hébergée par des habitants lorsque je voyage. Presque toujours. Et je suis à chaque fois extrêmement bien reçue, et même plus encore.
Cette fois, j’ai eu envie de partager cette expérience, non pas parce qu’elle fut mieux que d’autres, rien n’est comparable, et là n’est pas mon propos, mais tout simplement parce que sans toutes ces personnes que je croise sur ma route et qui m’offrent leur hospitalité, et un peu de leur vie, mon tour du monde n’aurait pas la même saveur.
J’ai donc souhaité mettre à l’honneur cette famille, si généreuse, avec qui j’ai eu la chance de passer ces quelques moments inoubliables.
Japan here I am!
J’arrive au Japon après une semaine de trajet à travers trois continents.
En huit jours, pour des raisons budgétaires absurdes et totalement insensées, je parcours Buenos Aires où je termine mon aventure sud-américaine, São Paulo (mon vol retour pour les États-Unis où mon tour du monde a débuté), Panama City (escale), puis New York (petite pause lessive – douche – organisation des prochains jours).
De là, je reprends des vols pour Cincinnati, Los Angeles, Oakland, San Francisco (avec une petite nuit dehors au passage), Los Angeles à nouveau (cinq escales inutiles mais moins chères qu’un vol direct, allez comprendre!), et débarque à Tokyo un peu désorientée, vous l’aurez compris. En me relisant, je me dis que c’est vraiment du grand n’importe quoi, moi qui opte le plus souvent pour le slow travel…
Sans sommeil ni nourriture depuis plus de quarante-huit heures (une compagnie low-cost sans repas inclut plus un souci de carte bleue, j’ai dû me faire offrir un paquet de Pringles par un vendeur de l’aéroport et un brownie par un généreux donateur), malade qui plus est, parce que sinon ça ne serait pas drôle, me voici à Tokyo, fraîche comme jamais!
Quelques jours de repos suffisent à me remettre d’aplomb, et certaines belles rencontres égaient mon séjour dans cette capitale gigantesque.
J’ai tout de même un vrai coup de fatigue depuis mon arrivée au Japon, le contre-coup trois mois d’aventures sur la route, d’une arrivée à Tokyo chaotique, d’un gros décalage horaire, et j’ai alors besoin de passer un peu de temps au calme, tout simplement.
Je quitte donc la plus grande mégalopole du monde pour une petite ville située près de Nagoya, où Arisa, une amie japonaise rencontrée en France m’attend chez elle.
Bienvenue à la maison!
Les premiers mots d’Arisa sont des mots chaleureux, de bienvenue, accompagnés d’un sourire qui ne ment pas.
Huit ans que nous ne sommes pas vues. J’appréhende un peu la conversation, nos vies ont tellement changé depuis tout ce temps.
Arisa m’accompagne dans la maison de ses parents, où je serai hébergée. Elle habite à vingt minutes de route et pense que ce sera plus confortable pour moi de séjourner dans la maison familiale.
Mon sac sur le dos, les yeux cernés, et un peu stressée, je toque à la porte. Des cris de joie se font entendre et la maison s’agite. Des mots de bienvenue fusent en japonais, anglais, français et espagnol. Je mets un peu de temps à comprendre l’arbre généalogique!
Les deux parents ne parlent que japonais, mais me saluent d’un gentil « welcome » qu’ils ont dû répéter. La sœur est mariée à un cubain, qui lui me sourit en me disant « bienvenido a la casa ». En l’espace de quelques secondes, je me sens déjà à l’aise, et la pression redescend. Je suis heureuse d’être ici.
Un festin m’attend sur la table, il y a tellement de plats que cette dernière semble trop étroite pour contenir tous ces mets aussi délicieux que surprenants.
La maman court de la cuisine au salon, de peur que je ne manque de quelque chose. Arisa a également cuisiné une soupe française, ne sachant pas si j’aimais la nourriture japonaise.
Tous me questionnent sur mon voyage, les traductions se font en quatre langues et pourtant la communication semble si simple.
Une magnifique chambre m’attend, dotée d’un futon et de jolis draps roses. Sur mon lit, un pyjama japonais sent bon la lessive, une serviette de toilette propre est bien repassée, et un kit de shampoings, gels douches, et crèmes en tous genres me fait de l’œil. Ils ont même pensé à ajouter une brosse à dents, si jamais mon sac n’en contenait pas… Je m’endors au pays des merveilles, et sens que mon séjour sera intense en émotions.
La gentillesse de la famille d’Arisa :
Je reste près d’une semaine dans la maison familiale d’Arisa.
Tous les matins, la maman laisse sur la table des croissants, des pains au chocolat et pains aux raisins, achetés dans une excellente boulangerie française, pour que je me sente comme chez moi.
Lorsque je finis mon petit-déjeuner, je trouve un petit cadeau sur mon lit : des chocolats, des gâteaux, une bouteille d’eau… Il ne faut surtout pas que je manque de quelque chose : tel semble être le maître-mot de la famille.
La journée, Arisa me rejoint et nous nous promenons avec elle et son bébé de dix mois. Un adorable petit garçon qui ne pleure jamais, qui me rend mes sourires et qui passerait presque inaperçu tellement il est calme.
En fin d’après-midi, je cuisine toujours avec les femmes de la maison, aussi bien japonais, afin d’apprendre quelques rudiments, mais aussi français pour les remercier de leur hospitalité.
La séance de crêpes bretonnes restera dans nos mémoires. Aussi difficile à faire pour la maman, que de manger avec des baguettes pour moi!
Le soir, j’insiste pour laisser la famille prendre une douche en premier, puisqu’ils se lèvent tôt, contrairement à moi. Tous m’affirment se laver le matin. J’utilise donc la salle de bain. Et un peu plus tard, bien après minuit, j’entends la douche couler. Tout est fait pour que je sois parfaitement bien reçue. Ça n’arrête pas, du matin au soir.
Les sorties en famille :
Chez Arisa, pas de temps mort. Chaque minute est un moment joyeux passé en famille, tant autour d’une table pour un moment convivial, qu’à pieds, à déambuler à Nagoya ou dans les alentours.
Une chance pour moi, de pouvoir partager un peu de leurs vies. Ainsi, toute la famille saisit l’occasion de ma venue chez eux pour visiter le temple Atsuta-Jingu, situé dans un gigantesque parc où bébés et jeunes mariés viennent recevoir une bénédiction.
De petites boutiques vendent toutes sortes de produits bénis. La maman, inquiète quant au reste de mon voyage, m’achète une amulette afin de me protéger. Après avoir tenté d’ouvrir le petit sachet la contenant, et avoir été vigoureusement arrêtée dans mon élan (cela stoppe tout pouvoir de l’amulette), je l’accroche solidement à mon sac, comme un souvenir précieux de cette magnifique journée. Elle me bénit également en me lavant les mains avec de l’eau sacrée.
La pluie tombe, et j’ai donc droit à une visite guidée de la ville en voiture, moment exceptionnel pour moi que de me laisser conduire sans me soucier de l’itinéraire à suivre! J’ai ainsi le plaisir d’admirer le somptueux château de Nagoya. Repos cérébral et plaisir d’être ensemble : la journée parfaite.
Un peu plus tard, le déjeuner s’annonce royal : la famille me prie de les accompagner dans un grand restaurant japonais. Par grand, j’entends luxueux, vraiment… Heureusement je ne suis pas trop mal habillée aujourd’hui. Enfin disons que j’aurais pu faire pire!
Je laisse à la famille le soin de commander pour moi car la carte est en japonais. J’ai droit à un festin gargantuesque : sept ou huit plats rien que pour moi. Il va falloir faire honneur, mais je suis plutôt confiante! Tout est délicieux. Ce ne sont que des mets exceptionnels, raffinés, et habilement présentés.
Ce ne sera pas mon seul restaurant. Lors de ma dernière journée chez eux, je suis à nouveau invitée à partager leur table, dans un restaurant chinois cette fois. Et à nouveau, je me délecte, tout en repensant à ces journées à manger du pain sec lorsque j’étais autour du Mont Fitz Roy en Argentine…
La belle-famille :
Avec Arisa, je suis également conviée dans la famille de son mari. Invitée à fêter l’anniversaire de son beau-père, je suis cette fois encore reçue au-delà de toute espérance.
La famille au complet attend ma venue avec impatience. La table regorge de sushis, tempuras, salades composées, poissons, viandes, et on me sert et ressert des verres de saké toute la soirée.
Le grand-père est menuisier. Il ne parle pas anglais mais me fait visiter son atelier, fier du travail qu’il réalise de ses propres mains, et il y a de quoi. Il a fabriqué tout le mobilier de la maison. Il m’offre un superbe jeu en bois qu’il a lui-même réalisé, comme souvenir de la soirée. Que dire… Quels mots choisir pour remercier cet homme qui ne me connaît pas, qui m’ouvre sa maison, et m’offre ce cadeau si précieux à mes yeux…
La soirée est mémorable. J’ai apporté un gratin dauphinois, tous le dévorent, avec des baguettes! J’apprends par ailleurs que Yoshiaki, le mari d’Arisa, a fait il y a quelques années un tour du monde en bateau. Il ne m’en faut pas plus pour lui poser mille et mille questions durant toute la soirée.
Un départ difficile :
La veille de mon départ rime avec l’heure des adieux. Échange de cadeaux, et séance de traduction de remerciements en français, anglais, espagnol et japonais.
La maman pleure, et moi aussi. Si nous pouvions nous promettre avec certitude de nous revoir un jour, les larmes ne couleraient sans doute pas. Mais seul un peu d’espoir nous permet d’esquisser tout de même un sourire. Arisa traduit pour tout le monde et ne sait plus où donner de la tête. Elle aussi a les larmes aux yeux.
Au petit matin, tous sont déjà partis au travail, sauf Arisa qui m’accompagne à la station de métro. Elle m’offre un repas à emporter : mon premier bento, cuisiné avec amour par la maman comme un dernier clin d’œil.
Je quitte Arisa, et conserve précieusement en mémoire tous ces moments inestimables, emmagasinés en quelques jours seulement.
J’arrive à la gare routière, j’ai comme toujours un peu d’avance. J’écris quelques lignes dans mon carnet de voyage, concentrée, et perdue dans mes pensées. C’est alors que j’entends crier à travers tout le hall « Astrito!!! Astrito!!! » La maman, qui me surnomme ainsi car mon prénom est trop compliqué, a quitté son travail pour venir me faire un dernier adieu. Elle resplendit, et un sourire lui fend le visage jusqu’aux oreilles.
Dans sa main, un dernier petit cadeau, pour la route : trois gros paquets de bonbons et un paquet de gâteaux. Comment dire merci à tant de bonté? Elle patiente une trentaine de minutes à discuter avec moi, en attendant le bus. Enfin discuter… Faire de grands gestes, et rire de nos incompréhensions! Elle m’apprend à compter jusqu’à dix en japonais, et m’explique qu’elle va essayer de refaire des crêpes comme je lui ai montré la veille.
Le bus arrive, nous pleurons. Un mélange de bonheur d’avoir eu la chance de vivre ces moments incroyables, et de nostalgie, qui nous revient en pleine figure.
Un signe de la main par la fenêtre, un mouchoir au coin de l’œil, et je monte dans le bus. En ouvrant le bento, surprise, un petit collier sert de lien au paquet, ultime présent. Encore et toujours, je reçois tout plein de gentillesse, et en suis très touchée. De toutes les mamans du monde que j’ai eu la chance de rencontrer, ma maman japonaise gardera à jamais une place toute particulière dans mon cœur. Je poursuis ma route vers Kyoto, émue, où je serai déjà dans une poignée d’heures.
Merci…
Difficile pour moi de trouver les mots justes pour remercier d’un tel accueil. Pour la toute première fois, j’ai le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur de la générosité reçue.
J’ai eu beau chercher tous les moyens pour exprimer ma joie d’être là, je n’ai pu exprimer mon bonheur avec l’intensité voulue. Tout ce que j’ai pu faire ou dire était mille fois en dessous de ce que j’aurais aimé être en mesure de partager avec Arisa et les siens.
Ces moments restent inestimables, cette amitié intemporelle. Je n’ai malheureusement pas pu vous retransmettre avec exactitude la grandeur de la gentillesse de cette famille, mais j’espère que cet article leur fera honneur.
Merci Arisa, je sais que tu comprendras ces quelques lignes. Je compte sur toi pour faire cette dernière traduction pour moi auprès de ta famille. Soyez toujours les bienvenus chez moi, j’en serai plus qu’heureuse.
Avec toute mon amitié, merci, merci à tous, merci du fond du cœur, arigato gozaimasu…
Wow ton histoire m’a vraiment touché et émue. J’aurais aimé vivre cette expérience vivre dans une famille japonaise et recevoir tout ce traitement spécial. Ce sont des gens biens et très chaleureux ton histoire m’a fait tout un choc droit au coeur et j’ai toujours voulu venir visiter le japon plutôt venir faire un échange étudiant d’environ 1 ans ou 2. Présentement je suis encore au étude Québec je n’ai pas encore obtenu mon diplôme de fin secondaire et j’ai eu des problèmes avec mon père cette une longue histoire je t’ai écrirai personnellement pour en discuter. Mais tout d’abord l’an prochain j’aurais mon diplôme de fin d’étude secondaire à l’âge de 21 ans même si un peu tard. Ensuite décrocher 3 diplôme d’étude professionnel et pour finir faire un pré-universitaire au Cégep de mon choix. Pour finir je vais chercher des informations pour un échange étudiant pour le japon. Car j’aimerais vivre cette même expérience que tu as vécu et surtout besoin voir autre chose que ma famille et le Québec. Merci pour ton histoire cela m’a beaucoup touché et remotivé. Au fait je m’appelle Ralph et je suis un Canadien français en d’autre terme un québecois d’origine Haïtienne.
Salut Ralph! Merci pour ton message! Hé bien je te souhaite de finir tes études, et de réaliser ce joli rêve dont tu me parles! Bonne chance à toi, merci encore pour tes mots et bonne continuation 🙂
Très sympa ton récit, on voit que tu aimes beaucoup cette famille! Les rencontres comme celles-ci donnent envie de voyager encore plus!
Merci Lucie 🙂 J’ai eu beaucoup de chance en effet… Bon vent!
Aligato,Astrid!!Merci votre message,Murielle.
C’etait tres tres bien quelques jours avec toi.Tu nous manques beaucoup.
Maman dit toujour »Astrito est ou maintnant?Elle est bien?”
Toute ma famille souhaites que ton voyage se passe bien.
Gros gros bisous!!!
Très bel article, j’en ai eu les larmes aux yeux. Merci de partager des moments émouvants comme ceux-ci.
Je suis adepte du couchsurfing depuis quelques années à domicile où j’aime échanger avec les gens. Même si des moments comme ceux que tu décris ne sont pas quotidien, c’est ce qui les rend encore plus beaux quand ils arrivent. Je pars cet été en tour du monde pour une durée indéterminée avec mon compagnon et nous souhaitons pouvoir partager la vie des locaux tels que tu le décris dans ton article
Bonne continuation sur la route
Coucou Aline! Merci pour ce message. Je vous souhaite également, à toi et ton compagnon, une bonne route, de merveilleuses rencontres, et plein de beaux souvenirs… Savourez chaque moment comme il se doit, et si possible partagez-nous un peu de votre aventure! Bon voyage 🙂
Salut
C’est émouvant ton récit du Japon, continue ton tour du monde, profite en.
Jean charles d’Orléans
Merci Jean-Charles! A bientôt pour la suite 🙂
J’ai découvert ton aventure par le biais de Paco de la Java! J’ai les larmes aux yeux de te lire! Merci à lui de m’avoir fait passer le lien de ton blog pour te suivre et j’espère te croiser un jour à la Java pour discuter à n’en plus finir de ton magnifique Road Trip! Que de belles aventures, que de magnifiques sentiments! Cela fait du bien… On est un peu avec toi grâce à blog donc merci de nous faire partager cela.
Bon courage pour la suite de ton séjour!
Merci à Paco alors! Et merci à toi pour ce gentil message d’encouragement! Oui je passerai boire un verre à la Java à mon retour, je pourrai vous raconter quelques anecdotes sympas! A bientôt alors et merci 🙂
super ce blog
si vous passez par le camboge ….
bref notre site vous en dira plus
n’hésitez pas à nous contacter
Merci 🙂 Oui c’est prévu au programme dans quelques semaines… Vais vous envoyer un message privé, merci!
de mieux en mieux, c’est sublime ma Rouma. quel beau roman !
on ne peut s’empêcher d’avoir des picotements dans les yeux en lisant ces lignes
merci à la famille d’Arisa pour ce débordement de gentillesse
bien affectueusement
ton Papi
Gros gros bisous Papi <3
Un joli récit que voilà… Merci pour ces quelques lignes d’évasion.
Pour ma part, j’ai de plus en plus envie de me rendre au Japon mais le coût de la vie n’y est pas donné…
Merci! Contente que tu aies lu ce récit, car je suis régulièrement ton blog! Effectivement ce n’est pas donné, mais avec beaucoup de débrouille, de marche, de couchsurfing et un peu de stop, c’est possible, et c’est super! Bonne route à toi pour le prochain voyage 🙂
Je suis tellement contente pour toi que tu aies eu cette parenthèse enchantée dans ton voyage, ça a dû être un vrai cocon! Ca rend ton histoire de tour du monde encore plus magique…
La générosité de cette famille est incroyable (pour le coup, tu as eu de la chance ;), non?), et tu en as fait un bel article.
Bon vent pour la suite!!!
Emilie
Tu m’as mis les larmes aux yeux ! Vivement la suite !
Merci! 🙂
Je vous remercie du fond du coeur, Alisa, vous et toute votre famille, pour avoir aussi bien accueilli mon amour de fille, pour l’avoir gâtée et lui avoir permis de vivre ces jours inoubliables.
Vous êtes tous les bienvenus dans notre maison. Je vous embrasse très fort. Murielle.
Très sympa comme article !!! Ce sont les joies d’un tour du monde. J’espère que nous pourrons vivre des moments identiques lors de notre tour du monde en famille qui commencent bientôt !!!
Merci! Je viens de parcourir votre blog (très joli d’ailleurs!) bon vent à vous 3!