Je vous racontais l’an passé mon voyage en Norvège, avec un budget de départ de 0€. En débutant le carnet de route de ce nouveau road trip, je m’attends donc à ce que l’on me pose la question cruciale : « alors, t’as dépensé combien cette fois??? » Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas pu faire aussi bien. Il faut dire que le challenge était de taille, surtout quand on regarde le prix au litre du diesel norvégien. Alors, en deux mots, je n’ai pas pu voyager sans argent cette année : ce road trip en Norvège d’une dizaine de jours m’a coûté 50€, et beaucoup, beaucoup d’heures d’accordéon.
D’Odda à Lillehammer en passant par Bergen et l’Atlantic ocean road, voici comment la magie du bitume m’a portée sur les routes norvégiennes, avec douceur et passion…
Odda :
Il y a certains jours où l’on se dit que l’on aurait mieux fait de rester au lit. Mais il y a aussi ces instants où l’on remercie sa bonne étoile de nous avoir sortis des draps, avec la délicatesse d’un bon coup de pied aux fesses. Je suis à Malmö depuis déjà quelques temps, puisque désormais j’habite en Suède. Les semaines passant, je m’aperçois que je commence à troquer mes tongs vagabondes contre de confortables pantoufles.
Alors, sur un coup de tête, je prépare le van, fais cuire du riz pour quatre jours, et programme mon réveil tôt pour le lendemain matin. Ça y est, je pars faire un joli road trip en Norvège, visiter la partie Sud. Depuis Malmö, rien de plus facile : il suffit d’aller en haut et à gauche.
À ma grande surprise, la route d’Odda (la E134 après Notodden) compte parmi les plus belles routes que j’ai eu la chance de voir dans ma vie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis presque seule à dévorer égoïstement ces paysages tout droit sortis de films de science-fiction. Par endroits, sur plusieurs kilomètres, l’asphalte se perd dans les nuages, je suis sur le toit du monde, et il en faudrait peu pour que le van se mette à s’envoler.
Je me couvre et sors faire quelques pas entre deux tas de neige, que le soleil timide n’a pas réussi à faire fondre. Vu d’ici, tout paraît si petit. Mes doutes surtout. Tous ces sacrifices pour vivre la bohème valaient-ils vraiment le coup? Finalement, on dirait bien que oui.
Je n’ai plus une goutte de diesel et ça tombe bien, mon accordéon s’ennuie. Avant de quitter Odda, un grand soleil finit par pointer son nez. La petite rue piétonne s’anime, les passants lèchent les vitrines, et moi, j’agite mon soufflet. Une trentaine d’euros plus tard, j’ai gagné de quoi rejoindre Bergen.
Bergen :
La route nationale 13 longe avec exactitude le Hardangerfjord, deuxième plus grand fjord du pays. Au-dessus, des roches menaçantes. Au-dessous, de l’eau bienveillante. À l’image de la Norvège, la nature se veut maîtresse des lieux, et les conducteurs n’ont qu’à bien se tenir.
Ici, tout est démesuré. Les tunnels plongent les malheureux de longues minutes dans une noirceur inquiétante, les ponts les réveillent ensuite sur des passerelles suspendues et sans fin. Moi qui voulait être dépaysée et goûter à nouveau aux plaisirs de la route, je laisse défiler sous mes roues ces montagnes russes qui semblent être irréelles. Cela me rappelle un peu les highlands écossais, paysages qui m’avaient aussi totalement chamboulée.
Les montagnes russes, c’est ma vie. La vie est un jeu violent et hallucinant : la vie, c’est se jeter en parachute et prendre des risques, tomber et se relever, c’est de l’alpinisme, c’est vouloir monter au sommet de soi-même et être insatisfait et angoissé quand on n’y parvient pas.
Tiré de Onze minutes, un livre de Paolo Coelho
Tout au bout, Bergen m’attend. Et moi, j’attends d’arriver. Tard dans la soirée, je fais mes premiers pas dans la ville portuaire. Je passe la nuit dans un faubourg un peu glauque, qui abrite les seules places de parking gratuites des environs. Au petit matin, après une longue promenade au cœur de la cité, je m’installe le long du port et lâche quelques notes, suffisamment je l’espère pour parvenir jusqu’à Flåm.
Ålesund :
J’investis la totalité de ma fortune fraîchement gagnée dans une station service (et j’ose ensuite vous parler de freeganisme!) et je prends la direction de Flåm. Arrivée à Vinje, au milieu du trajet, on me signale que la route est coupée, suite à de violents éboulements qui viennent d’avoir lieu. La mauvaise nouvelle, c’est que pour poursuivre vers le Nord, il me faut emprunter un ferry et il ne me reste plus aucune couronne norvégienne. Pour relativiser, la bonne, c’est que je n’étais pas sous les cailloux.
Je passe la nuit au bord de l’eau, comme souvent au pays des fjords. Sauf que là, ma vue est digne du plus beau des hôtels. De quoi devenir définitivement addict à la vie en van.
Le lendemain matin, je fais flamber ma carte bleue, et effectue la traversée de Vangsnes à Dragsvik. Quelques kilomètres plus tard, je me vois contrainte de renouveler l’opération, entre Magerholm et Sykkylven. Je n’avais pas vraiment prévu l’itinéraire du voyage de cette façon, mais d’un autre côté, cela ne m’arrive pas tous les jours de faire du bateau – raison suffisante pour conserver toute bonne humeur. Et puis, même si les ferries n’ont pas le charme des grands voiliers qui font rêver, moi, tant que ça ne coule pas, je suis déjà entièrement satisfaite.
Ainsi, telle une navigatrice en carton qui vient d’effectuer sa sortie sur l’eau du siècle, je débarque heureuse à Ålesund, après être tombée par hasard sur un immense glacier. C’est un peu ça, faire un road trip en Norvège : on recherche quelque chose de grandiose, en oubliant que l’on trouvera mille autres merveilles en chemin.
Kristiansund :
Ålesund est plutôt jolie, et étant arrivée ici un peu par hasard, c’est une agréable surprise! De plus, la ville se prête parfaitement à la musique de rue, et j’investis la ruelle piétonne de mes notes, laissant aux gypsies le privilège de jouer au bord de l’eau. Les villes, ça se partage comme un gros gâteau : à chacun sa part, et il y en a pour tout le monde. De plus, au vu leur maîtrise parfaite de l’accordéon, je me la joue discrète… Ces musiciens aux doigts magiques m’ont toujours fait rêver, et je m’entraîne dur pour tenter d’approcher leur niveau. En attendant, pour ceux qui se poseraient la question, quand je joue ça donne ça :
Je réunis enfin de quoi continuer quelques kilomètres de plus, et m’en vais effectuer la dernière étape de mon road trip en Norvège. En fait, cette année, je souhaitais surtout me rendre sur l’Atlantic Ocean road, célèbre portion de la route 64 située entre Bud et Kårvåg. D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi j’ai développé depuis longtemps une réelle obsession au sujet de ce petit bout de bitume, mais ce qui est sûr c’est qu’en arrivant, mes attentes étaient plus que démesurées. C’est tout moi ça : soit je débarque à l’improviste sans la moindre idée de là où je mets les pieds, soit je m’attends à trouver le Saint Graal.
Cette fois, je ne suis pas déçue, c’est sûrement l’un des plus beaux moments vécus durant mon road trip en Norvège. L’Atlantic Ocean road – ou Atlanterhavsvegen, route de l’Atlantique – traverse le comté norvégien de Møre og Romsdal. Huit ponts, dont le plus connu celui de Storseisundet, tissent leur dentelle clandestine entre les terres fuyantes de la côte. D’une précision millimétrée, d’une justesse sans faille, la route semble couper l’eau à la pointe du couteau. Je me gare, j’absorbe la puissante énergie dégagée par les lieux, et je laisse aux bourrasques de vent le plaisir de perturber tout silence, avant de poursuivre jusqu’à Kristiansund.
Lillehammer :
J’arrive au terme de mon road-trip en Norvège et il me faut rentrer à Malmö. Une dernière fois, je zigzague entre ces fjords qui m’avaient tant fait rêver. Une dernière fois, je m’émeus telle une gamine devant cette nature impétueuse, qui emporterait le cœur du plus dédaigneux des voyageurs. Une dernière fois, j’ai l’air stupide : merde alors, c’est beau à en chialer.
Le retour sur l’autoroute E6 et la traversée de Lillehammer me font redescendre les deux pieds sur terre. De la grisaille, des trombes d’eaux et de la circulation routière : voici ce dont j’avais besoin pour quitter le pays sans trop d’amertume.
Fin de mon road trip en Norvège :
Le souci lorsque l’on fait un road trip en Norvège, c’est que les routes refusent d’être disgracieuses bien longtemps. Me voilà donc obligée de replonger encore un peu dans ce spectacle grandeur nature.
Enfin, à l’autre bout de la Scandinavie, la Suède est toujours là, le soleil réapparaît, et Malmö rayonne.
J’arrête ici ce carnet de voyage : une douche chaude et un bon lit me font de l’œil, il me faut trouver un peu de repos avant d’aller visiter Copenhague en famille (car ma Maman vient me voir dans quelques jours!).
Enfin, pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, n’hésitez pas à retrouver tous mes articles sur mes différents voyages en Norvège, ainsi que ceux sur mes autres aventures dans mon camion aménagé et mes conseils pour voyager par grand froid ! Et vous, ça vous tenterait un road trip en Norvège?
Yesss wow ça fait vraiment rêver ! Merci pour ces récits et ton point de vue.
Justement avec ma conjointe, on y vas pour 2 semaine en fin août, et on veut se louer un mini van aussi. Voyagez, rouler et profiter et on aurait une question pour toi: Es-ce qu’on peut se stationner et donc dormir ou on veut avec un mini van? Je parle d’un ptit truc qui a juste 2 couchette à l’arrière, pas un camping car.
Merci pour ton retour si jamais
Salut Denis, cool votre projet ! Oui de mémoire, je n’ai jamais eu de souci pour dormir dans mon van en Norvège, il y a en plus plein de spots gratuits prévus à cet effet, c’est un pays assez ouvert pour les campers et du coup c’est très facile d’y voyager. Bon trip à tous les deux 🙂
Bonsoir de la Norvège! Je suis norvégien et j’aime visiter des régions dans mon pas ainsi que les régions en France.
En Norvège on peut dormir dans un van partout. C’est possible de rester deux nuits sur le même endroit avant de cntinuer. Le nombre de vans a augmenté beaucoup ces derniers deux ans et les mois de juillet et août sont les plus intenses. Il y a certainement beaucoup de terrains de camping ou on peut rester mais la plupart préfèrent rester près de la route. Vous pouvez me contacter pour des conseils. Bonne soirée!
Coucou Sigurd et merci pour tes précisions, c’est gentil de ta part ! Bonne continuation à toi, et au plaisir 🙂
Pfiou je ne sais pas ce qui est le plus magique, tes mots ou tes photos, ou les 2 ensemble peut-être… c’est superbe ! Merci !
Merci Stéphanie 🙂 Au plaisir!
merci et bravo pour ce récit qui me rappelle de beaux souvenirs, dont le 14 juillet sur un glacier …
moi aussi, j’ai craqué en Norvège
dommage d’avoir manqué Flam
bisous
Wow ça devait être cool en effet! Faudra que tu me racontes les détails 🙂 Gros bisous
Les tongs, les pantoufles, 50 euros de frais ! Ça sent l’embourgeoisement ! Non mais à quand les mules à pompons ?
Haha, me voilà démasquée!!! Mais il faut bien se faire plaisir de temps en temps 🙂